Le sixième colloque international sur la vie et l'œuvre de Kateb Yacine, ouvert samedi dernier à Guelma, a donné lieu à de nouvelles approches d'étude méthodologique de cet auteur, axées sur « l'arabité de l'écriture katébienne » et, par conséquent, sur « ce que doit le français de Kateb Yacine à l'arabe parlé en Algérie ». L'une des premières interventions de cette rencontre de quatre jours, organisée à la salle du théâtre régional Mahmoud-Triki de Guelma, a porté sur « les interactions culturelles et esthétiques chez Kateb Yacine » pour montrer le lien profond de la production textuelle katébienne avec la langue arabe savante et parlée. Le Dr Mansour Mehenni, de Tunisie, qui a intitulé son communication « Yacine, écrivain arabe », a considéré qu'il était « temps de rendre à Kateb Yacine la place légitime qui lui revient dans le champ culturel et l'imaginaire algérien et arabe ». Il a, également, souligné que Kateb Yacine a été « diabolisé » du point de vue arabe, donnant lieu à une remise en cause des ses rapports au nationalisme et à l'Islam, le rangeant sous l'étiquette de « communiste athée ». Il s'en est suivi, selon le Dr Mehenni, des amalgames méthodologiques portant sur les registres de la civilisation, la modernité, la littérature, la culture, la langue ou la religion. Pour sa part, le Dr Mohamed Saad Berghal, de l'université de Monastir (Tunisie), a estimé, dans une conférence intitulée « Kateb Yacine, un et pluriel », que l'œuvre romanesque et théâtrale de Kateb Yacine a « rassemblé des dimensions aussi multiples que l'histoire, la civilisation, la culture, le patrimoine, qu'il s'exprime en français ou en arabe parlé et populaire ». Considérant que Kateb Yacine a été « exilé par la critique hors de son appartenance véritable », cet universitaire a estimé qu'il était « temps pour la critique arabe de le revendiquer en tant qu'écrivain universel ». Lors des débats, des intervenants ont rappelé que Kateb Yacine a appris le Coran très jeune. Ils ont mis en exergue ses origines andalouses et berbères, son appartenance aux Beni Kablout, partis en Andalousie et revenus au pays après la chute de Grenade en 1492.