Près de 69 millions de Nigérians, sur les 173 millions d'habitants, sont appelés aujourd'hui à voter pour la présidentielle, ainsi que les législatives et les sénatoriales organisées simultanément. Quatorze candidats se sont présentés à la magistrature suprême de la première économie africaine. Selon les sondages d'opinion, deux seulement ont des chances de l'emporter : le président sortant Goodluck Jonathan et l'ex-général Muhammadu Buhari, le candidat malheureux à la présidentielle de 2011 qui avait coûté la vie à un millier de Nigérians. Les Nations unies ont prévenu que cette fois-ci elles pointeraient « les responsabilités de quiconque choisira de contester les résultats électoraux par la violence ». Au dernier jour de la campagne électorale, Buhari et Jonathan se sont engagés à faire régner le calme dans leurs camps respectifs. Toutefois, Buhari a refusé de se placer dans l'hypothèse où il aurait à reconnaître sa défaite. « Je suis confiant, nous n'allons pas perdre ces élections », a-t-il déclaré affirmant ne pas craindre de fraude et prévenant qu'un éventuel bourrage d'urnes ne serait pas sans « conséquences ». Son parti, le Congrès progressiste (APC), joue la carte des centaines de milliers de déplacés du nord-est du pays, fuyant les violences de Boko Haram. « S'ils ne peuvent pas voter, cela pourrait remettre en cause la crédibilité du scrutin », a prévenu l'APC. Les rebelles armés du Delta du Niger menacent de semer le trouble dans cette régionn, d'où provient la quasi totalité des ressources pétrolières du pays, en cas de défaite du président sortant même s'il n'est plus donné comme grand favori. Sur les plans juridique et administratif, certains de ses partisans ont déposé une plainte contestant l'éligibilité de Buhari qui n'aurait pas fourni son diplôme d'études secondaires requis. Une victoire de l'un de ces deux hommes ne serait pas une surprise. C'est la suite qui est incertaine. Si aucun des quatorze n'obtient la majorité des suffrages exprimés et 25% des voix dans 24 Etats, soit les deux tiers de la fédération, les deux principaux candidats devront s'affronter lors d'un second tour. Dans ce cas, la commission électorale devrait annoncer un nouveau délai, du jamais vu au Nigeria. A la veille de ce scrutin important, dix-neuf pays africains menés par l'Algérie ont demandé que le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU tienne une réunion d'urgence le 1er avril sur les violences perpétrées par le groupe islamiste Boko Haram qui sévit depuis six ans dans ce pays et depuis quelque temps dans toute la région ouest africaine.