Le 7e sommet des Amériques, qui a pris fin samedi dernier, constitue probablement un grand tournant dans l'avènement d'une « nouvelle ère » en rupture avec la logique de la guerre froide. L'un des signaux probants est assurément le rapprochement à marche forcée entre les plus vieux ennemis de la sphère des Amériques, considéré comme le précarré du puissant voisin du Nord, accusé d'hégémonisme par les pays latino-américains et les Caraïbes. La rencontre historique entre Obama et Raul Castro, en prélude de la levée de l'embargo et du rétablissement des relations diplomatiques, a certainement ouvert la voie à une éventuelle normalisation avec le Venezuela de Nicholas Maduro, décelant, à travers un « bref échange » de quelques minutes effectué en marge du sommet, une « opportunité » pour entretenir des « relations de respect ». Le contentieux politique porte sur les velléités d'ingérence de Washington et les sanctions draconiennes régies par le décret signé par Obama à l'encontre de 7 dignitaires du régime vénézuélien. Une nouvelle Amérique en gestation ? C'est désormais en « ami des Etats-Unis » que le président Maduro a évoqué une « possibilité d'engager un dialogue avec les Etats-Unis ». Ce que ne dément guère Obama qui a réitéré son « soutien fort à un dialogue pacifique ». La porte-parole de la Maison-Blanche, Katherine Vargas, confirme que « notre intérêt n'est pas de menacer le Venezuela mais de soutenir la démocratie, la stabilité et la prospérité au Venezuela et dans la région ». L'espoir de dégel n'est pas totalement perdu. Il est certes compromis par le lourd contentieux politique aggravé par les sanctions draconiennes décrétées par Obama contre de hauts responsables vénézuéliens accusés de non-respect des droits de l'Homme. Mais le nouveau pas a été salué par la Brésilienne Dilma Rousseff, se félicitant de l'initiative « courageuse », notamment américano-cubaine visant à mettre fin aux derniers vestiges de la guerre froide et, comme l'a souligné le colombien Juan Manuel Santos, la résorption des tensions entre l'Amérique du Nord, l'Amérique latine et la région des Caraïbes. Le temps des ingérences est banni. « Il est tout à fait absurde de considérer l'un d'entre nous (pays d'Amérique latine) comme une menace », a déploré la présidente de l'Argentine, Cristina Fernandez de Kirchner, en allusion aux accusations américaines portées contre le Venezuela. Le bing-bang cubain a étrenné la nouvelle donne américaine explicitée par Obama au sommet de Panama City. Dans son discours prononcé devant les 36 chefs d'Etat, il a estimé que le « changement de politique envers Cuba marque un avant et un après dans l'hémisphère ». Un après aux couleurs de la normalisation américano-vénézuélienne ?