Intervenant à la 19e journée de l'énergie, le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi, a affirmé que « la révolution énergétique de ces dix dernières années est en train de changer la face du monde ». Il faudrait, a-t-il déclaré, que « nos laboratoires et nos universités créent la transition énergétique », citant l'exemple du Brésil en matière de découverte de gisements d'hydrocarbures au fond de l'océan. Et de noter : « Si nous pouvons bénéficier de cette expérience de manière à améliorer nos techniques d'exploration, nous aurons la possibilité de trouver d'autres gisements en offshore ». L'autre révolution, souligne-t-il, ce sont les nouvelles techniques de prospection « ayant permis de régénérer des gisements de pétrole ». Il est également question de nouvelles techniques de production mises au point par les USA sur des roches extrêmement compactes ayant révolutionné la scène économique mondiale. « La consommation énergétique ne cesse de croître, car liée au rythme de développement économique et à la qualité de vie des citoyens. A cet effet, il faudra préparer l'Algérie de demain pour assurer l'indépendance énergétique à l'horizon 2040-2050 », explique Yousfi, insistant sur l'apport de la recherche scientifique. S'agissant des énergies renouvelables, le ministre évoque le bouleversement en matière d'innovation. « La production de l'électricité à partir du solaire et de l'éolien à l'horizon 2030 que nous sommes appelés à utiliser, notamment dans le Sud, nécessite un investissement trois fois plus grand qu'une centrale électrique classique », indique-t-il. Donc réduire les coûts de production, cela relève de la recherche scientifique, « nous attendons les solutions de l'Université », précise le ministre, ajoutant qu'à l'avenir, l'utilisation de l'énergie nucléaire est une option à laquelle les chercheurs peuvent désormais s'intéresser. « Les énergies renouvelables exigent des sommes colossales » De son côté, la ministre de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement, Dalila Boudjemaâ, a appelé à une accélération du processus de la transition énergétique. « Les incertitudes liées non seulement aux mutations géoéconomiques, mais aussi au contexte d'emprise plus dangereuse qui est le dérèglement climatique, sont en train de compromettre toute perspective et ne pardonneront ni l'inaction ni le report de l'action », prévient-elle. Pour elle, l'amorçage de la transition énergétique vers le développement durable ne doit souffrir aucun retard. Toutefois, Mme Boudjemaâ relève qu'en l'état actuel des choses, la productivité des différents systèmes d'énergies renouvelables exige des sommes colossales, ce qui impose la nécessité de s'appuyer sur les revenus générés par les ressources conventionnelles. « L'Algérie de demain ne peut se découpler de l'opportunité que lui offre l'économie rentière d'aujourd'hui », estime la ministre. Pour Chemseddine Chitour, directeur de recherche à l'ENP, l'Algérie est présentement confrontée à un défi concernant sa stratégie énergétique. « La transition énergétique est un objectif qu'on peut atteindre », dira-t-il. Néanmoins, « sur la base des réserves actuelles et au vu de la consommation et des velléités d'exportation, nous nous dirigeons vers un tarissement des réserves conventionnelles. Certes, les dernières découvertes incitent à un optimisme prudent », soutient l'expert. Relevant qu'« actuellement, nous puisons frénétiquement l'énergie », il estime plus sage de n'exploiter que le strict nécessaire. « La consommation sans retenue amène au gaspillage d'au moins 25% de notre énergie. Et à ce rythme, l'Algérie épuisera rapidement ses réserves », prévient-il. Le remède ? Mettre en place une transition énergétique vers le développement durable et miser sur l'intelligence et le savoir. « La stratégie à mettre en place consistera justement à assurer une relève graduelle par les énergies renouvelables, modérer et dimensionner notre production en fonction des stricts besoins de l'Algérie », suggère-t-il.