La France, menacée dans ses fondements républicains par la montée de l'islamophobie et de l'antisémitisme, sonne la mobilisation. Elle compte désormais sévir contre la fatalité de ces fléaux déclarés sans avenir pour préserver le « mieux vivre » communautaire. « Les Français juifs ne doivent plus avoir peur d'être juifs » et « les Français musulmans ne doivent plus avoir honte d'être musulmans », a déclaré Manuel Valls, lors d'un déplacement à Créteil, témoin il y a 5 mois d'une violente agression antisémite commise sur un couple séquestré à son domicile. C'est de cette ville de la banlieue parisienne, où les importantes communautés juive et musulmane coexistent plutôt bien et cultivent leurs relations de bon voisinage, que Manuel Valls a choisi d'annoncer hier, un plan de lutte contre le racisme et l'antisémitisme. La symbolique est parfaite. Elle éclaire sur la montée inquiétante du racisme sous toutes ses formes et l'explosion de la violence terroriste révélée par le double attentat de Paris et de Montrouge qui a fait 17 morts. Le constat est accablant. Au premier trimestre, 226 actes antimusulmans ont été recensés, soit six fois plus que sur la même période de l'an dernier, selon l'Observatoire contre l'islamophobie. Mais, le nombre d'actes antisémites a aussi doublé l'an dernier par rapport à 2013. « Le racisme, l'antisémitisme, la haine des musulmans, des étrangers, l'homophobie augmentent de manière insupportable », affirme le Premier ministre français, accompagné pour l'occasion de 6 ministres. Erigé en « cause nationale » par le président François Hollande, utilisant pour la première fois le terme « islamophobie », lors de la présentation de ses vœux au corps diplomatique, quelques jours après les attentats de Charlie Hebdo, le plan de lutte est doté de 100 millions d'euros sur 3 ans. Il comprend 40 mesures articulées autour de la justice, d'Internet et de l'éducation. Fondamentalement, le racisme et l'antisémitisme sont dorénavant considérés comme une « circonstance aggravante » et traités comme tels dans la commission de délits ou de crimes. Ce changement de perception nécessite le passage du droit de la presse au droit pénal. L'autre grand chantier de Valls concerne Internet qui n'est plus « une zone de non droit ». Il est prévu la création d'une « unité nationale de lutte contre la haine sur Internet », composée d'officiers de police judiciaire et voulue complémentaire avec la plateforme d'harmonisation, d'analyse, de recoupement et d'orientation des signalements (Pharos). En milieu scolaire, il est également attendu la mise en place des équipes pour former et conseiller les enseignants et les animateurs sociaux.