A l'occasion du seizième anniversaire de la disparition du colonel Mohamedi Saïd dit Si Nacer, l'Association Machaâl Chahid a organisé, hier, au centre de presse d'El Moudjahid un grand hommage à ce dirigeant de la Wilaya III durant la guerre de libération nationale et Premier ministre des Moudjahidine après l'indépendance. En dépit de son parcours controversé, ses confrères ont tous tenu à reconnaître qu'il était un homme de foi, de positions et surtout un nationaliste incontestable. Le Moudjahid Abdelhamid Mehri a souligné que les moudjahidine étaient tous nationalistes. «Et comme nous sommes des êtres humains, nous pouvons commettre des erreurs. C'est aux historiens de placer ces erreurs dans leur contexte historique», a-t-il ajouté. Ainsi, Mehri a indiqué que comme c'était le cas pour beaucoup de nationalistes algériens et arabes à l'époque, le travail de Si Nacer en tant que volontaire en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale était dû à son nationalisme. «Après la victoire des alliés, il y a eu les massacres de Mai 1945 par ces mêmes forces qui ont combattu le nazisme», a-t-il rappelé. Quant au massacre de plus de 300 civils à Melouza en mai 1957, l'ancien SG du FLN note que l'Histoire n'est pas très claire sur cette affaire. D'après lui, la responsabilité revient aux jeux troubles des services français qui voulaient semer la division entre les Algériens. Cependant, «c'est aux responsables actuels de traiter les conséquences des erreurs commises dans le passé. On ne peut pas laisser l'accusation de trahison coller aux personnes qui ont été tuées par erreur. Il faut les innocenter et les considérer comme des martyrs», a appelé Abdelhamid Mehri. Intervenant dans cette conférence, le Moudjahid Idir Smaïl a évoqué le comportement de Mohamedi Said au maquis. «On avait rejoint les maquis pour mourir en martyrs. C'est Si Nacer qui nous a expliqué le vrai sens du Djihad. Le fils du Commandant Abderrahmane Mira, Tarek, a connu l'homme qui a succédé à Krim Belkacem à la tête de la Wilaya III. Il était encore adolescent lorsque le Moudjahid lui faisait des confidences. Selon lui, il avait dit avoir donné l'ordre de tuer les «ceux qui tuaient les militants du FLN». Tarek Mira détient notamment des copies de lettres qui ont été envoyées de Mohamedi Said à Tunis par son successeur, le Colonnel Amirouche qui le tenait au courant de ce qui se passait dans sa zone et le Colonel Si El Haouès qui l'a toujours appelé «cher père». Pour sa part, le chef de cabinet du Premier ministère des Moudjahidine, Chrif Abetroune, qui a gardé contact avec son ministre jusqu'à sa mort, a assuré que le défunt n'était guère un dirigeant autoritaire. Il a également affirmé que c'était un homme de foi, de convictions et de positions. Selon lui, Si Nacer n'a jamais accepté le socialisme «scientifique». «Il a toujours voulu que l'Algérie soit fondée sur les principes de l'Islam», a-t-il indiqué.