Pour éviter de nouvelles victimes en Méditerranée où plus de 1.750 migrants ont péri depuis le début de l'année dont 1.300 pour le seul mois d'avril, les 28 dirigeants européens se donnent rendez-vous demain à Bruxelles pour une rencontre au sommet. Au menu de leurs discussions : l'examen des dix mesures d'urgence élaborées par la Commission européenne pour lutter contre le trafic de migrants et empêcher les candidats à l'immigration de risquer leur vie en traversant la Méditerranée. Parmi ces points, la possibilité d'arraisonner et de détruire les navires utilisés par les trafiquants, sur le modèle de la mission « Atalante » contre les pirates au large de la Somalie. Ils doivent aussi évoquer la « stratégie » pour les migrations et l'asile du Vieux continent qu'ils pourraient adopter en mai.« Nous ne pouvons pas accepter que des centaines de personnes meurent en essayant de traverser la mer pour venir en Europe », déclare le président du Conseil européen, Donald Tusk avant d'annoncer cette réunion extraordinaire des chefs d'Etat et de gouvernement demandée par le Premier ministre italien, Matteo Renzi. « Le Conseil européen de jeudi ne peut pas être simplement un conseil ordinaire où on prend des décisions ordinaires. Il faudra aller beaucoup plus loin (...). Et j'appelle maintenant tous les Européens et au-delà à régler ces questions devenues insupportables sur le plan humanitaire et insupportables sur le plan politique », déclare le président français François Hollande. Pour le locataire de l'Elysée, il faut « plus de bateaux, plus de surveillance, mais ça ne suffira pas ». Estimant qu'il faut traiter « les causes » de ce qui produit ces drames, il a mentionné « un Etat, la Libye, qui n'est plus un Etat, et donc qui ne contrôle rien » et des pays qui sont à l'abandon, comme l'Erythrée. Les responsables du Vieux continent vont-ils mettre une véritable politique migratoire comme les presse de le faire leur chef de la diplomatie, Federica Mogherini ? « Les négociations sur l'accueil des migrants s'annoncent très difficiles », reconnaît l'Italienne qui sait d'avance que les « Européens sont réticents à renforcer les secours en mer et à accueillir plus de gens ». « Si nous n'agissons pas maintenant, la crise va prendre des proportions dangereuses dans les mois qui viennent », prévient le commissaire européen en charge du dossier, Dimitris Avramopoulos. Selon Joël Millman, le porte-parole de l'Organisation internationale des migrations, « le total de 3.279 décès de migrants de 2014 pourrait être dépassé d'ici quelques semaines ». Selon certaines estimations, on pourrait facilement atteindre 30.000 morts d'ici la fin de l'année si la série noire des naufrages comme celui de dimanche (800 décès) continue. L'organisation humanitaire Save the Children a critiqué l'UE pour ne pas s'être mise d'accord sur une « action immédiate » à sa réunion de lundi. « Ce dont nous avions besoin aujourd'hui de la part des ministres des Affaires étrangères de l'UE était une action de sauvetage des vies mais ils ont hésité. Le sommet d'urgence de jeudi est maintenant une affaire de vie ou de mort », a déclaré son président Valerio Neri. Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a critiqué lui aussi les politiques migratoires « cyniques » de l'UE. Il accuse Bruxelles de transformer la Méditerranée en un « vaste cimetière ». Montrée du doigt comme la source du mal, la Libye s'en défend. Mohamed Dayri, son ministre des Affaires étrangères, a dénoncé hier « les passeurs de la mort » assurant que les migrants étaient partis de territoires sous contrôle des milices en Libye.