La pièce « Jugurtha » du dramaturge Abderrahmane Madoui, décédé en 2013, sera jouée pour la première fois sur les planches d'un théâtre algérien aujourd'hui au TRC. La pièce écrite dans les années 1940 par le pionnier de la bande dessinée algérienne s'attaque d'une manière subtile à la colonisation française à travers le personnage de Jugurtha, ce qui d'ailleurs lui avait valu de nombreux démêlés avec la justice française à l'époque. Publiée sous forme de livre au début des années 1960, cette pièce réalisée par le metteur en scène Abderrazak Kouadri Habaz, sera présentée pour la première fois au public algérien à l'occasion de la manifestation culturelle arabe, même si elle a été déjà jouée à la radio nationale dans les années 1980. C'est la dynamique association « Théâtre nouveau » de la ville des Issers (Boumerdes), créée dans le milieu des années 2000, qui est derrière cette initiative. Le président de l'association et scénographe de la pièce, Abdelghani Chentouf, a animé, hier au TRC, une conférence de presse pour parler des préparatifs qui ont conduit au montage de la pièce avant la représentation en public : « Nous avons voulu rendre hommage à celui qui a chassé de son pays à cause de cette pièce qui s'attaque à la colonisation française, je pense que c'était aussi son rêve de la voir jouer dans un théâtre. Nous avons choisi cette « Jugurtha » par rapport à l'année culturelle parce que c'est l'occasion ou jamais de la voir sur les planches, le comité de lecture de la manifestation n'a pas hésité pour valider le projet. Nous avons commencé le casting et la théâtralisation du texte au mois de mars dernier, nous avons fait appel à de jeunes comédiens pas forcément très connus mais qui ont du talent, nous avons seulement exigé un bon niveau en langue arabe classique » a-t-il déclaré. Le choix s'est porté sur douze comédiens dont deux filles, et trois figurants, n'ayant pas reçu une formation particulière, la tragédie d'environ 1 heure 40 minutes, sera entièrement jouée en langue arabe classique. Les préparatifs ont duré un mois et demi, d'abord dans les Issers, puis à l'Ecole des arts dramatiques de Bordj El Kiffan. Concernant la conception scénographique, Abdelghani Chentouf nous révélera que c'est surtout le choix des costumes qui a posé problème : « Les costumes romains sont connus, j'ai opté pour la couleur rouge et le métal. Jai eu du mal à trouver une description précise des vêtements numides de l'époque, pour cela j'ai dû choisir le vert couleur de la nature et le marron couleur de la terre pour représenter Jugurtha » a-t-il expliqué. L'association « Théâtre nouveau » des Issers, a produit et réalisé une dizaine de pièces théâtrales, parmi lesquelles « Essafir » ou encore « L'Ours », et a remporté de nombreux prix. La générale de la pièce « Jugurtha » sera présentée les 7, 8 et 9 mai, pour ensuite être jouée dans plusieurs théâtres du pays.