Histoire n Le jeu que la pièce présente en vingt-deux tableaux comme une odyssée lyrique s'organise autour de Jugurtha. Jugurtha, petit-fils de Massinissa, l'homme, le roi, le rebelle, celui qui s'est levé, dressé contre l'autorité romaine, a été présenté, hier, au théâtre national, et ce, dans le cadre de la manifestation «Alger, capitale de la culture arabe». Jugurtha est l'intitulé de la pièce écrite par Khaled Bouâli et mise en scène par Sonia, et qui raconte, dans un élan mêlant imaginaire et historicité et le tout sur une envolée théâtrale, l'épopée à la fois historique et légendaire d'un homme ayant marqué la mémoire collective et l'imaginaire historique. Se voulant d'époque, la pièce a nécessité un effort de manière à assurer la couleur locale notamment à travers les costumes – la production n'a pas lésiné sur les moyens financiers. S'agissant cependant du décor, le scénographe a, semble-t-il, et à en juger par la manière dont la scène a été conçue, laissé libre cours à son imagination en vue de conférer au lieu une interprétation scénographique libre et créative. Ainsi, et à la place d'un décor qui réunit tous les éléments de l'Antiquité, une représentation stylisée, mais évocatrice à travers des repères de l'instant où se tient et se déroule l'action. Le jeu que la pièce présente en vingt-deux tableaux comme une odyssée lyrique s'organise autour de Jugurtha, de sa vie et notamment de son itinéraire militaire, politique et même humain. En outre, la pièce met en situation une trentaine de comédiens et comédiennes qui, tous ont su, par leur prestation scénique, recréer le lieu et le moment, et exalter l'imagination du public et l'inviter à faire un voyage dans le temps, donc à revisiter notre millénaire histoire. Le jeu était effectivement notable et savoureux, un jeu attractif et intéressant tant la mise en scène était soutenue ainsi que consciencieuse et le registre linguistique auquel les comédiens ont adhéré était soigné. La pièce a été jouée en langue arabe classique – un choix qui s'est imposé par lui-même, vu la dimension, voire la charge littéraire du texte – afin de donner à la pièce une crédibilité historique et une vérité universelle. Ce choix langagier a, par ailleurs, bien illustré le caractère tragique de la pièce que le jeu s'emploie à rendre. Une fois encore Sonia a réussi à relever le défi : mettre en scène pour la deuxième fois, et après La langue des mères, une pièce en arabe classique. Un acte d'une hardiesse artistique.