Dans le sommet du CCG, ouvert hier, le poids des enjeux en relation avec le programme nucléaire iranien, la lutte contre l'Etat islamique et la guerre au Yémen, a validé le choix de Paris pour mieux exprimer le sentiment de défiance avec l'allié américain coupable de volte-face dans le traitement de la crise syrienne, manifestant une opposition d'Obama à toute intervention étrangère et, surtout, la conclusion de l'accord-cadre sur le nucléaire iranien. C'est donc en « invité d'honneur » que Hollande a été accueilli, lundi dernier, à Riyad, par le roi Salmane, accompagné du nouveau prince héritier, son neveu Mohammed ben Nayef, et de son fils, le prince Mohammed ben Salmane, second dans l'ordre de succession. Cette marque de confiance, qui reflète la « fiabilité » de la France dans son soutien aux pays du Golfe, trouve son expression dans la participation inédite au sommet du CCG qu'aucun président américain, voire un responsable de la Ligue arabe, n'a jamais connue. Une « fiabilité » qui se mesure à l'aune de la batterie des 20 projets économiques représentant plusieurs dizaines de milliards d'euros en négociation entre Paris et Riyad, et surtout du marché des avions de combat Rafale négocié, la veille du sommet, à Doha, en contrepartie, dit-on, de l'ouverture de lignes aériennes supplémentaires pour Qatar-Airways, au détriment immédiat du groupe Air-France/Lufthansa. Dans le contrat qatari, la livraison de 24 Rafale (6,3 milliards d'euros), qui porte à 80 le nombre des avions français vendus depuis le début de l'année à l'étranger, se conçoit comme un signe de « crédibilité », assure Hollande, reçu en grandes pompes par l'émir cheikh Tamim ben Hamad al-Thani. Les gages du « partenariat majeur » se déclinent en alignement sans réserve sur les postions des pays du Golfe séduits par le radicalisme de la France prônant le renversement du régime de Bachar El Assad, y compris au moyen de l'intervention militaire. A la presse saoudienne, le président français n'a pas manqué de délivrer des messages de fidélité. « Je souhaite un accord, mais un accord solide, durable et vérifiable, qui empêche la prolifération nucléaire et garantisse la sécurité régionale », a-t-il encore réaffirmé au sujet du cas iranien. A l'ouverture du Sommet, le roi Salmane a pointé du doigt l'Iran, porteuse de menace extérieure qui « vise à étendre le contrôle et à imposer son hégémonie » sur la région « par la sédition confessionnelle ». Sur fond d'une rivalité aiguë entre les deux puissances régionales, l'impasse yéménite pèse sur le destin du Golfe participant au 5/6 (moins Oman) à la coalition arabe. L'engagement français est incontestablement en adéquation avec l'Arabie saoudite menacée d'enlisement et sujette aux critiques virulentes de la communauté internationale portant sur les pertes accrues civiles et le syndrome de la « catastrophe humanitaire » qui plane sur le Yémen. Dès son arrivée à Riyad, Hollande a rencontré le président yéménite en fuite en Arabie saoudite, Abd Rabbo Mansour Hadi, et soutenu le projet de conférence de paix inter-yéménite à Riyad, tout en contribuant à fournir des informations militaires sous la forme d'images satellitaires du Yémen à la coalition arabe. Le sort de la France en est jeté.