Les six dirigeants du Golfe (Arabie saoudite, Koweït, Bahreïn, Emirats arabes unis, Oman et Qatar) tiendront, demain, le sommet de tous les défis. Dans un contexte de tensions régionales croissantes, caractérisées par les retombées de l'accord cadre sur le nucléaire iranien et la guerre au Yémen, la logique de guerre froide profite essentiellement à la France, devenue le partenaire privilégié. Cette relation idyllique, clairement exprimée par la visite chaleureuse de Hollande en Arabie saoudite et en Irak, est encore plus confortée par la participation du président François Hollande, accompagné de son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, à la rencontre de Riyad. Il s'agit du premier chef d'Etat occidental invité à prendre part au sommet et d'une grande première dans l'histoire du Conseil de coopération du Golfe (CCG). La relation idyllique, perceptible dans le rapprochement impulsé avec l'Arabie saoudite et le Qatar accueillant en grande pompe Hollande, se traduit par la remarquable percée des Rafales, longtemps maudits, et désormais convoités par L'Egypte (24), le Qatar (24 pour 6,3 milliards d'euros) et prochainement les Emirats arabes unis recevant, depuis samedi dernier, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, pour conclure les négociations entamées depuis 2008 sur le remplacement des 60 Mirage 2000-9 par des avions de combat Rafales. Le marché de l'armement au Moyen-Orient a explosé : environ 18 milliards de dollars en 2015 pour leur arsenal (12 milliards de dollars en 2014). La relance de la course aux armements, incitant la Russie à prononcer la levée de l'interdiction sur la vente de systèmes de missiles de défense aérienne sophistiqués S-300, s'explique par la normalisation irano-américaine en marche concrétisée par le compromis de Lausanne. A la veille de la date butoir du 30 juin, scellant l'accord définitif sur le nucléaire iranien, une réunion est aussi prévue, la semaine prochaine, entre le président américain et les membres du CCG, au cours de laquelle la communication d'Obama est destinée à lever les craintes des alliés arabes sur un Iran doté de l'arme atomique et à évoquer les crises régionales. Dans le bras de fer alimentant la guerre de leadership irano- saoudienne, le message américain se décline en garanties pour la sécurité des pays du Golfe. C'est ainsi qu'après l'arraisonnement, par la marine iranienne, d'un porte-conteneurs, l'US Navy a commencé à « accompagner » les navires battant pavillon américain dans le détroit stratégique d'Ormuz entre Oman et l'Iran. Serait-ce suffisant pour remettre de l'ordre dans une relation perturbée ? Pourtant, l'engagement de la plupart des pays du CCG dans la coalition internationale est marqué du sceau de l'alliance stratégique pour faire face aux défis « très complexes » posés par le grand chamboulement imposé par le GMO des dérives chaotiques vécues, notamment, en Irak, en Syrie et en Libye. L'effet boomerang de l'Etat Islamique (EI) est redouté par Riyad annonçant l'arrestation de près d'une centaine de suspects liés à l'EI et affirmant avoir mis en échec des projets d'attentats, dont un contre l'ambassade des Etats-Unis. A l'ombre de l'EI, la menace houtie, alliée à la montée en puissance de l'Aqpa affiliée à Al Qaida, constitue une préoccupation majeure de la coalition arabe impuissante, après 5 semaines de raids aériens, à mette fin à la mainmise sur le pays et assurer le retour au pouvoir du président en fuite en Arabie saoudite.