L'Algérie et la Tunisie sont déterminées à raffermir davantage leurs relations bilatérales. La visite du chef du gouvernement tunisien, Habib Essid s'inscrit dans cette optique. Elle confirme le caractère exceptionnel qu'on veut conférer, de part et d'autre, à la coopération traditionnelle entre les deux pays. Les contacts réguliers entre les responsables des deux Etats entretiennent cette volonté partagée. Les déclarations de Habib Essid, depuis son arrivée, samedi, à Alger, selon lesquelles son gouvernement veut renforcer la coopération avec l'Algérie, sont suivies d'actes. Les rencontres intervenues, hier, entre les ministres des deux pays ont posé les jalons qui donneront une nouvelle impulsion à la coopération. Il en ressort que les secteurs du Commerce, du Tourisme et des aspects de sécurité émergent du lot dans la panoplie des créneaux éligibles à un surcroit de coopération dans le cadre général du renforcement de la relation. L'objet de la visite ne s'inscrit-il pas dans l'évaluation du niveau de la coopération et de concrétisation des programmes communs en sus de la concertation habituelle dans les domaines politique, sécuritaire et socio-économique ? Au sujet de la sécurité dans la région, il a été relevé, de l'aveu même de Abdelkader Messahel, ministre des Affaires maghrébines et africaines et de la Coopération internationale, une coordination globale pour la sécurisation des frontières communes. Le propos ne peut pas se tenir sans allusion à la situation du voisin commun, la Libye. Sur ce chapitre, les deux pays mettent en avant leur souci commun d'apporter leur concours dans la promotion d'une solution politique et pacifique à la crise libyenne. L'Algérie et de la Tunisie souhaitent, selon Messahel, que la mise en place d'un gouvernement d'union nationale serve de tremplin à un retour de la stabilité dans ce pays. Il en va aussi de « la sécurité de l'Algérie et de la Tunisie ». Même son de cloche chez le secrétaire d'Etat tunisien auprès du ministre de l'Intérieur chargé des Affaires sécuritaires, Rafik Chelli, qui a estimé que la situation sécuritaire est sous contrôle, louant la bonne coordination entre les deux pays. « La coordination sécuritaire est effective ce qui permet d'anticiper et d'empêcher les actes que pourraient commettre des groupes terroristes », a-t-il notamment dit. Les deux ministres se sont exprimés devant la presse à l'issue de leurs entretiens. Lever les entraves aux échanges commerciaux Dans le Commerce, Amara Benyounès, qui a reçu son homologue tunisien Ridha Lahoual, a annoncé la tenue d'une rencontre d'hommes d'affaires des deux pays avant la fin de l'année en cours. Les chefs d'entreprise algériens et tunisiens auront à explorer les opportunités qui s'offrent aux deux marchés pour développer davantage les échanges commerciaux qui sont actuellement de l'ordre de deux milliards de dollars. Un niveau qu'il faut relever pour « le hisser à la hauteur des relations politiques », plaide le ministre du Commerce algérien qui a également fait part de la réunion des experts pour trouver des solutions à certains problèmes qui entravent les opérateurs dans les deux pays au niveau des frontières. « La volonté politique existe pour aplanir ces obstacles », a-t-il ajouté. Le ministre tunisien a, de son côté, tout en appelant à développer les transactions commerciales, souligné l'importance de « réactiver » les accords signés entre les deux pays dans le secteur du commerce, fondant sur la commission mixte, qui se réunira avant la fin de l'année, l'espoir qu'elle trouvera des « solutions à certaines préoccupations ». Le secteur du tourisme n'est pas naturellement en reste. Au vu de son potentiel, les responsables des deux pays nourrissent de grandes ambitions pour ce créneau. Un million d'Algériens passent leurs vacances en Tunisie. En marge de sa rencontre avec son homologue tunisienne Selma Elloumi Rekik, le ministre de l'Aménagement, du Tourisme et de l'Artisanat, Amar Ghoul, a indiqué que l'Algérie et la Tunisie ont convenu de réactiver la commission mixte dans les domaines du tourisme et de l'artisanat. Cette commission procédera dans une semaine à l'évaluation des accords conclus entre les deux pays en matière de tourisme et d'artisanat afin de mettre en place un nouveau programme pour le développement du secteur. Ghoul a annoncé le projet de création d'une ligne maritime touristique entre les deux pays actuellement à l'étude, qui permettra d'encourager le flux des usagers dans les deux sens. Des facilités relatives aux prestations sanitaires et sécuritaires seront introduites au niveau des postes frontaliers. Et une plus grande coopération entre les agences touristiques et l'investissement est entrevue. Le renforcement des transports terrestre et maritime accompagnera cet élan.