De grandes œuvres de la musique classique universelle ont retenti, pendant près de deux heures, dans la salle Mustapha-Kateb du Théâtre national Mahiedine-Bachtarzi (TNA), à travers une progression d'une quarantaine de pièces où la douceur des belles mélodies s'est combinée aux prouesses vocales et à l'agilité du doigté. Les compositeurs, Raynaldo Hahn (1874-1947), Johannes Brahms (1833-1897), Henri Collet (1885-1951), Maurice Ravel (1875-1937), Jesus Guridi (1886-1961) et Joseph Canteloube (1879-1957), ont été savamment repris par la soprane lyrique Amel Brahim-Djelloul. Une moyenne de cinq pièces de courtes durées, pour chaque compositeur, a été rendue par le duo d'artistes dans un programme prolifique judicieusement choisi, à travers lequel s'est installé un vrai dialogue entre les cultures méditerranéennes, dans des tonalités occidentales, andalouses, hispaniques, kabyles et orientales. Préludant chaque pièce par la lecture d'un petit texte qu'elle a elle-même traduit, Amel Brahim-Djelloul, chanteuse d'opéra à la voix nue (sans amplification aucune), a orné le silence religieux, qui régnait dans la salle avec une voix puissante, pleine de pureté et de douceur. Chantant l'amour, la mélancolie, la nature, la romance, l'innocence ou encore la vie quotidienne dans sa simplicité, la cantatrice, au bien être apparent a interprété les différentes pièces de son programme avec un plaisir et une joie visibles. « Quel public merveilleux. Mon plaisir est immense de me retrouver dans ce beau théâtre et chanter pour vous. », a déclaré Amel Brahim-Djelloul, s'adressant à l'assistance. S'appuyant sur le soutien du pianiste Nicolas Jouve au jeu en sourdine bien maîtrisé qui laissait s'échapper de belles lignes mélodiques aux sonorités apaisantes, la cantatrice a permis le voyage, dans une belle randonnée onirique, faisant montre de toute sa tessiture vocale dans une parfaite aisance d'interprétation. Le public nombreux du TNA s'est volontiers laissé emporter dans les méandres du génie créatif des grands compositeurs et la virtuosité des interprètes, savourant chaque instant du récital dans l'allégresse. « L'Algérie a désormais sa cantatrice en la personne d'Amel Brahim-Djelloul, une chanteuse d'opéra, qui fait la fierté de son pays, elle me fait rappeler la grande Taos Marguerite Amrouche », a déclaré une femme approchée à l'issue du récital. Très applaudie à la fin du récital, la chanteuse à la voix présente a interprété « Zahra » et « Arced, Arced Ayidhess » (Viens, viens ô sommeil), une berceuse kabyle, après un rappel insistant du public. Née à Alger en 1975, Amel Brahim-Djelloul a commencé son apprentissage musical par l'étude du violon avant de se consacrer au chant à Alger. Partie à Paris pour se perfectionner, elle entre d'abord à l'Ecole nationale de musique de Montreuil, puis au Conservatoire supérieur de musique et de danse de Paris, où elle obtiendra son diplôme en 2003. Reconnue et appréciée par ses maîtres, elle s'illustre en 2014 et en 2015 en France et à l'étranger en interprétant notamment « Jonathas » dans « David et Jonathas » et avec ses talents lyriques, elle chante « Zaïs de Rameau » à Versailles, au Concertgebouw d'Amsterdam et au Théâter an der Wien. En mai 2001, elle se produit à Alger lors d'un hommage à Francisco Salvador-Daniel (1830-1871) un compositeur qui a très tôt observé les analogies entre la musique andalouse et la chant grégorien. Plusieurs productions sont à l'actif de la cantatrice dont son dernier opus « Populaires », distribué en Algérie depuis juin 2015. Le récital pour voix et piano « Populaires », est organisé par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (Aarc) en collaboration avec le TNA.