Une étude réalisée récemment par le ministère du Commerce sur l'activité des concessionnaires d'automobiles a mis au jour plusieurs irrégularités et dysfonctionnements dans ce créneau commercial. Cette nouvelle étude, transmise au Premier ministre, s'est penchée sur l'activité des concessionnaires au titre de la période 2013-2014, actualisant celle réalisée pour la période 2010-2012. Se basant sur l'examen des données douanières et l'analyse des bilans déposés par ces concessionnaires auprès du Centre national du registre du commerce (CNRC), cette enquête révèle, tout d'abord, que si l'activité de vente de véhicules demeure globalement bénéficiaire avec un gain de 18 milliards DA en 2013, huit concessionnaires ont enregistré, toutefois, des « déficits importants » allant jusqu'à 742 millions DA pour un concessionnaire d'une marque française. Le rapport souligne que cette situation dénote « certaines pratiques financières utilisées par les concessionnaires visant à transférer plus de capitaux (vers l'étranger), augmenter les charges et équilibrer leur comptabilité aux moyens de techniques de plus en plus utilisées pour échapper au contrôle financier et fiscal du pays ». En outre, l'étude note que les importations réalisées par la filière en 2014 ont intégré une hausse des prix à l'importation de près de 9%, faisant apparaître un « réajustement des prix moyens unitaires des véhicules » passant de 955.165 DA en 2013 à 1,054 million DA en 2014 alors que le taux de change nominal dollar/dinar ne s'est déprécié que de 1,1% entre 2013-2014. Le rapport recommande également une opération de vérification des déclarations douanières (prix, factures déclarées, origine du produit...). De surcroît, le rapport indique que les trois premiers importateurs de véhicules (deux marques européennes et une asiatique) mobilisent à eux seuls 2,5 milliards de dollars, soit près de 50% de la totalité des importations de la filière en 2014. A terme, note le document, un concessionnaire pourrait mobiliser à lui seul une ressource financière en devises pouvant atteindre un milliard de dollars. L'autre fait relevé est que la filière des concessionnaires a enregistré, pour l'exercice fiscal 2013, un volume d'affaires de 714 milliards DA, soit une hausse annuelle de seulement 4% contre 54% en 2012. C'est pour la première fois depuis plus d'une dizaine d'années que cette filière enregistre une croissance aussi faible, et ce, malgré l'augmentation des ventes enregistrée pour la même période, note le document qui précise que l'année 2013 a connu un « pic » d'importation de 6,17 milliards de dollars. Sur les cinq dernières années (2010-2014), les concessionnaires ont importé 1.934.416 véhicules, soit une moyenne de 387.000 véhicules/an avec un pic de 513.566 véhicules en 2013, « qui a contraint le pays à mobiliser une ressource financière inutile » puisque la demande intérieure a baissé de 22% en volume et de 15% en valeur en 2014. Autrement dit, note l'étude, en l'absence d'instrument de régulation et d'analyse prospective, le pays s'est transformé en un « vaste espace de stockage », générant ainsi pour les concessionnaires des coûts supplémentaires, ce qui est de nature à renchérir davantage les prix des véhicules. Pour pallier le manque d'anticipation observé sur le marché, le rapport du ministère du Commerce recommande de prendre des mesures impliquant plusieurs départements ministériels ayant la charge de la sécurité routière, du développement du réseau après-vente, de l'élaboration des normes de pollution et consommation d'énergies, des conditions d'éligibilité, de la gestion des ressources financières externes et des transferts de capitaux et du contrôle de l'importation et des déclarations fiscales de chaque concessionnaire.