Le Mali clôt le chapitre du conflit avec les groupes armés du Nord, qui dure depuis 2012. La Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), qui a obtenu des réponses aux questions posées, notamment celle relative aux conditions de redéploiement de l'armée reconstituée dans le Nord, signera aujourd'hui l'accord de paix et de réconciliation d'Alger. Ramtane Lamamra, ministre des Affaires étrangères, qui a conduit la médiation internationale depuis près d'un an, y sera présent. Le 15 mai dernier, un accord de paix a été signé entre le gouvernement, les groupes de la plateforme et la médiation internationale. Estimant que cet accord ne donne pas assez d'autonomie à l'Azawad, la CMA a accepté de le parapher. Après une énième négociation à Alger et l'adoption le 5 juin dernier d'un document additionnel intitulé « Arrangement sécuritaire pour une cessation des hostilités » qui spécifie clairement que l'armée reconstituée sera majoritairement et prioritairement constituée de ses membres, la CMA s'est engagée à le signer aujourd'hui à Bamako. « Nous entrons désormais dans la phase la plus difficile, la mise en œuvre de l'accord », affirme Hamdi Mongi, représentant de la Mission des Nations unies au Mali. Zahabi Ould Sidi Mohamed, ministre de la Réconciliation, se veut optimiste. « Je veux dire aux populations la volonté ferme du gouvernement de faire de l'accord une priorité. La volonté est là », soutient-il. Et de préciser : « Les populations pourront, dans les six mois à venir, commencer à voir les retombées de la paix, un début de retour des réfugiés et l'installation des services de base, car tout manque dans le Nord. » Le défi est de taille. Il s'ajoute à celui des susceptibilités de certains responsables des groupes armés et des dissensions internes. Par exemple, dans le document du 5 juin, il est prévu le retrait sous 72 heures de Gatia, d'une milice de la plateforme pro-Bamako, de Ménaka, une ville de la région de Gao, dont elle s'est emparée le 27 avril dernier. Il a fallu tout le tact de la médiation, jeudi dernier, pour convaincre cette milice. Un geste que Mongi Hamdi a salué comme une « décision courageuse et responsable » des mouvements de la plateforme qui démontrent leur engagement à faire avancer le processus de paix pour le bénéfice de tous les ?Maliens ». « Ce développement positif et le parachèvement imminent de la signature de l'accord de paix et de réconciliation demain à Bamako par la Coordination des mouvements de l'Azawad sont des signes clairs et rassurants, aussi bien pour la population que pour la communauté internationale, que le processus de paix est sur le bon chemin grâce à l'engagement des parties prenantes à répondre aux aspirations du peuple malien », dit-il. Pierre Buyoya, représentant de l'Union africaine pour le Mali, compte sur le comité de suivi (des membres de la communauté internationale) pour éviter à cet accord de connaître le sort de ses prédécesseurs. « En cas de mauvaise volonté ou de sabotage, le Conseil de paix et sécurité de l'Union africaine et le Conseil de sécurité des Nations unies seront saisis et prendront les mesures appropriées », prévient-il. Le Conseil de sécurité a réitéré, jeudi dernier, son soutien à cet accord. Dans une déclaration à la presse, il a indiqué qu'il attendait avec impatience la signature de l'accord qui devrait mettre un terme à la phase de signature. Il a aussi exhorté les groupes armés de la coordination et de la plateforme à « s'abstenir de toute action susceptible de saper le processus de paix ». Le gouvernement a décidé, hier, de faire un geste de bonne volonté. Il a levé les mandats d'arrêt visant les différents chefs rebelles. Selon un responsable de la CMA, Almou Ag Mohamed, quinze personnes sont concernées par cette décision.