L'évaluation du système LMD (licence-master-doctorat) s'impose comme une revendication de la communauté universitaire, des organisations estudiantines en premier lieu. Pour bon nombre de pédagogues, le temps est à l'identification des points forts et des lacunes pour une éventuelle remédiation à ce système. Pour l'Union générale des étudiants algériens (UGEA), l'heure est au bilan. « Les conditions de scolarité des étudiants et le système de crédit introduit dans toutes les universités ayant basculé dans cette réforme remettent en question l'efficacité du LMD adopté dans un environnement comme le nôtre », signale le responsable chargé de l'organique au sein de l'Union, Zine El Abidine Boumlit, notant qu'il a certes des avantages, mais a plus de dysfonctionnements. Selon les dernières statistiques, hormis les écoles préparatoires, toutes les facultés ont opté pour cet enseignement, soit plus de 1,2 million d'étudiants inscrits en LMD. C'est dire l'ampleur des retombées non seulement sur la scolarité des étudiants, mais aussi sur la possibilité d'accéder à un poste d'emploi. De ce fait, l'UGEA qualifie de primordiale l'organisation de rencontres regroupant les intervenants dans ce domaine et les experts à l'effet de dégager les moyens appropriés pour permettre à l'université algérienne en général et à l'étudiant en particulier de trouver leur place dans le processus de développement socio-économique. « Il y a des réformes à faire pour adapter le système d'enseignement aux exigences de l'heure. Au-delà des conditions de travail des étudiants et de la relation de tutorat, quasiment absente, entre l'apprenant et son enseignant, il y a une rupture entre le système adopté et le monde du travail », explique Zine El Abidine Boumlit. Un avis partagé par des enseignants. Dihia Aït-Yaâla, enseignante de langue française au centre universitaire d'Aïn Témouchent, afirmé que le système LMD a complètement vidé l'Université algérienne de son sens et qu'il a été appliqué de façon « assez étrange ». De l'avis de cette enseignante, il ne suffit pas de calquer les systèmes ayant réussi ailleurs. Il serait plus judicieux de se poser la question : de quoi a besoin le monde du travail en Algérie ? De la réponse découleront les éléments pouvant servir à l'élaboration d'une stratégie de formation conformément aux besoins de l'économie nationale. « Il faut être pragmatique », précise-t-elle, qualifiant de « débiles » les modules d'enseignement inclus dans ce système. « Dans le système classique, riche en matière d'enseignement, l'enseignant formait l'étudiant. Par contre, dans le système actuel, le LMD, le tuteur évalue l'apprenant sans se soucier de sa formation. Une approche qui pénalise l'apprenant surtout en l'absence de cycles de formation et de stages pratiques », précise-t-il. Certains enseignants plaident pour le retour au système classique. Dans le cas contraire, ils estiment qu'il faudrait tout revoir pour adapter le système LMD à la réalité algérienne étant donné la particularité de chaque environnement. Autre point relevé : le système du crédit adopté pour le passage des étudiants au niveau supérieur. Les avis divergent. Si pour certains, le crédit est à la base un bon principe, il n'en demeure pas moins qu'il ne faut pas en faire une fin en soi au détriment d'une bonne formation supérieure.