Une pratique du jeûne se rapporte à l'ouïe en se préservant les oreilles. Allah nous dit : « Et ne poursuis pas ce dont tu n'as aucune connaissance ! L'ouïe, la vue et le cœur ; sur tout cela, en vérité, on sera interrogé. » [17:36]. Le musulman doit se préserver des mauvaises paroles, même s'il ne les dit pas. Il doit aussi veiller à ne pas les entendre. Il veille aussi à ne pas détourner son cœur de l'adoration d'Allah, en évitant ce qui rend son cœur faible, tel prêter l'oreille à la médisance, le colportage, les mots grossiers, les paroles vaines... Le « nafs » ou ego : en le soumettant à l'adoration. Comme on le sait, notre « nafs » n'aime que se reposer, ne pas se fatiguer et pour y remédier, nous l'éduquons par le biais du jeûne, en ne lui donnant pas satisfaction et en le soumettant aux actes d'adoration. Le cœur : en le nettoyant des choses de ce bas monde auquel il est souvent rattaché, et en le faisant « jeûner » en le privant des choses qu'il aime, et entre autres en donnant les biens auxquels il est trop lié, car un attachement excessif aux biens nous rend difficile l'attachement à notre Créateur. Les mains : en ne prenant que les choses qui plaisent à Allah, en s'interdisant les gestes grossiers, persécuteurs ou injustes. Les pieds : en ne se rendant que vers les endroits qui plaisent à Allah. Il ne faut pas oublier ce hadith qui dit : « Combien de jeûneurs ne reçoivent de leur jeûne que la faim et la soif ! » Ce hadith montre bien que l'observance des conditions extérieures du jeûne, bien que nécessaire, est loin d'être suffisante pour en faire un acte ayant une véritable portée spirituelle. L'imam El Ghazali souligne la place qu'occupe le jeûne dans la foi. En comparant deux hadiths, il en arrive à la conclusion que « le jeûne constitue le quart de la foi ». Ces deux hadiths sont les suivants : « Le jeûne est la moitié de la patience. » et « La patience est la moitié de la foi. » Dès lors, Ghazali entreprend d'expliciter comment le jeûne peut « nourrir » la foi et en être un élément indispensable. Il y a, selon lui, deux raisons à cela : premièrement, le jeûne est, d'une part, abandon et abstention et, d'autre part, il est purement intérieur et ne se manifeste pas par une action extérieure, comme c'est le cas des mouvements de la prière ou des actes rituels du pèlerinage par exemple. En ce sens, le jeûne est un acte d'adoration qui, en principe, ne laisse rien transparaître de lui-même : il pousse ainsi à l'absence d'ostentation et à la sincérité. La seconde raison est liée au fait que le jeûne ferme les accès de Satan au cœur de l'homme. Ghazali indique que ces accès sont les désirs concupiscents (chahawât) lesquels se renforcent par la nourriture et la boisson. Il cite, à ce propos, ce hadith : « En vérité, Satan circule dans le corps du fils d'Adam comme circule le sang : dès lors, amoindrissez son flot par la faim. »