écartelée entre la situation de « ni guerre froide » et l'inexistence d'un « partenariat stratégique » avec la Russie de Poutine, l'organisation atlantique se veut une « force tranquille » même si elle se dote d'une force d'intervention rapide déployée de la Baltique jusqu'à la mer Noire autour des 6 mini-bases dotées chacune d'un petit contingent d'une centaine d'hommes. Forte de 40.000 soldats, mobilisables en moins de 72 heures, elle disposera du soutien aérien, notamment pour le transport logistique, maritime et de la coopération en matière de renseignement de l'armée américaine qui, par contre, n'enverra pas de troupes au sol. A la veille de la réunion de Bruxelles, le secrétaire d'Etat à la Défense, Ashton Carter, parcourant la semaine dernière toute l'Europe, a déjà annoncé la couleur de l'engagement américain autorisant, pour la première fois depuis la chute du mur de Berlin, le déploiement d'armements lourds dans les pays baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie), en Pologne, en Bulgarie et en Roumanie. Selon le Pentagone, les 250 pièces d'armements lourds se répartissent en 90 chars lourds Abrams, 140 véhicules blindés Bradley, et 20 canons auto-moteurs. Une nouvelle réédition de la crise de la « baie des Cochons » aux frontières de la Russie ? Le secrétaire d'Etat américain à la Défense s'en défend. « Nous ne cherchons pas la guerre froide, et encore moins la guerre chaude avec la Russie. Nous allons défendre nos alliés », a-t-il déclaré, mardi dernier, à Tallinn (Estonie). Mais le scénario d'un « printemps russe » est clairement revendiqué : une nouvelle Russie sans Poutine. « Les Etats-Unis continuent d'envisager que la Russie, sans Poutine, à l'avenir, reviendra à une attitude qui va de l'avant et non passéiste », a-t-il affirmé à Berlin. Face à cette stratégie de confrontation de longue durée, motivée par le fait que la Russie « ne changera pas sous Vladimir Poutine et même après son départ », la course aux armements est relancée de plus belle. La riposte du président russe ne s'est pas fait attendre. Il a annoncé le renforcement de son arsenal nucléaire, avec le déploiement de plus de 40 nouveaux missiles intercontinentaux d'ici la fin de l'année. Un nouveau sous-marin lanceur d'ogives nucléaires, le « Vladimir Monomaque », a été également mis en service pour pallier toute menace. « C'est l'Otan qui arrive à nos frontières et non pas nous qui allons quelque part », a précisé Poutine lors d'une rencontre près de Moscou avec son homologue finlandais, Sauli Niinisto. A l'ombre de la Crimée et de l'Ukraine, le spectre de la guerre froide hante la vieille Europe fortifiée, retranchée autour du puissant allié atlantique et resserrant l'étau sur le rival russe soumis au régime de sanctions prolongé jusqu'à janvier 2016. Le « péril russe » réinventé, l'Occident des croisades impériales, aux dérives chaotiques dans le GMO (Grand Moyen-Orient) à feu et à sang, bascule dans la terreur planétaire aux fins d'une hégémonie sans partage.