La Suisse a décidé de contribuer au programme lancé par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), au Niger, visant l'intégration et la réinsertion des 3.627 migrants rapatriés d'Algérie. Cette initiative émane de Mme Muriel Berset Kohen, ambassadrice de l'Etat Suisse à Alger qui a eu l'occasion de suivre le processus de rapatriement de ces migrants de l'Algérie vers leur pays d'origine et qui a été sensible à la question de l'immigration clandestine et des conditions de ces populations durant son séjour à Dakar. « Lorsque l'Algérie a accepté l'appel du gouvernement du Niger de rapatrier ses citoyens, j'ai pensé que la Suisse pouvait contribuer à cette opération du fait que nous sommes déjà actifs dans ce pays par la mise en place d'un programme annuel de développement estimé à 20 millions d'euros. Géré par notre bureau de coopération à Niamey, ce programme de sécurité humaine concerne deux régions et vise à renforcer la cohésion sociale », a expliqué l'ambassadrice dans une conférence de presse animée hier. L'accord signé entre la Suisse et l'Algérie sur la circulation des personnes est l'autre raison qui a motivé cette contribution. « Toutes les questions relatives à l'immigration et à la circulation des personnes sont discutées entre l'Algérie et la Suisse dans le cadre de cet accord. L'immigration clandestine est un défi commun à la Suisse et à l'Algérie qui, vu son développement, n'est plus un pays de transit mais une destination. Cela exige de nous une réponse commune, solidaire et concertée », a-t-elle ajouté. Le programme lancé par l'OIM à Zinder et Kantché, deux régions déshéritées du Niger, ambitionne « d'offrir les moyens de subsistance » à ces populations afin de faciliter leur intégration et surtout d'éviter qu'elles reprennent le chemin de la migration. Il s'agit de lancer « des activités génératrices de revenus comme l'élevage et l'agriculture, de mettre en place des systèmes d'épargne participative pour réinvestir les fonds générés de ces projets, d'assurer un soutien psychologique aux rapatriés à travers la formation des personnes vivant dans ces communautés et garantissant un meilleur accueil et réaliser des études sur l'immigration dans cette région ». D'un montant de 500.000 euros, ce programme a débuté le 1er mai 2015 et sera achevé le 31 janvier 2016. Mme Muriel Berset Kohen a saisi cette occasion pour lancer un appel à la communauté internationale et aux bailleurs de fonds pour assurer le prolongement de ce programme ou le lancement d'initiatives similaires. « C'est un premier pas qui, j'espère, va entraîner d'autres initiatives », a-t-elle estimé, rappelant qu'aujourd'hui, la communauté internationale doit donner une réponse solidaire et commune à cette situation « car il est inacceptable et triste de voir autant de personnes périr en Méditerranée ». Des réseaux criminels de passeurs L'ambassadeur du Niger, El Hadj Mahmoud, a exprimé sa gratitude à l'OIM et au Croissant-Rouge algérien (CRA) qui « œuvrent à la réussite de ces micro-projets ». « Nous avons de l'appui de tous pour que cette population puisse se stabiliser du moment que leur rapatriement n'est pas une fin en soi. » Pour lui, ce programme est destiné aux femmes et aux enfants venus en nombre important en Algérie ce qui n'est pas habituel au Niger. « Ces femmes et ces enfants ne sont pas des migrants ordinaires dans la mesure où ce phénomène de déplacement des deux catégories vulnérables n'existait pas au Niger auparavant. Ces femmes et ces enfants ont été exploités par des réseaux mafieux qui leur ont fait traverser la frontière et les ont utilisés dans la mendicité. Des hommes à bord de voitures font le tour des Nigériens pour récupérer la recette de la journée. Je peux aussi vous dire que les enfants ne sont pas forcément la progéniture de la femme qui les accompagne. On demande à ces femmes de ramener trois ou quatre enfants et on les entraîne en Algérie », a-t-il indiqué en marge de la conférence. Précisant que ces réseaux criminels « peuvent avoir leurs relais » en Algérie, il a affirmé la volonté du gouvernement de « combattre ces filières criminelles qui activent au Niger ». L'opération de rapatriement des Nigériens se poursuit. « Mais il y a moins de monde qu'auparavant », a-t-il indiqué, précisant que les Nigériens qui sont restés en Algérie « travaillent et ont une situation stable ».