El-haïk, voile traditionnel qui s'imposa durant plus de deux siècles comme l'habit de référence pour la femme algérienne avant de céder le terrain, à partir des années 80, devant de nouvelles tendances calquées sur d'autres cultures, est à l'honneur au musée régional des arts et des traditions populaires de Médéa jusqu'à la mi-juillet prochain. L'exposition, accessible au public de jour comme de nuit, retrace l'histoire et l'évolution du haïk, depuis ses premières apparitions jusqu'à ce jour, les types de voiles répandus en Algérie ainsi que les tentatives engagées, depuis quelques années par l'association Belaredj pour faire « revivre » cette ancienne tradition vestimentaire. Des coins du musée sont consacrés, en outre, aux accessoires et bijoux qui étaient associés au port du haïk. Un autre espace est réservé à la voilette el-ajar, élément très important dans l'apparat de la femme algérienne de l'époque. El-haïk fut porté pour la première fois vers l'an 1792 sur décision du bey de Constantine, selon les organisateurs du Salon. La mlaya, voile de couleur noir, en vogue dans la partie est de l'Algérie, fait son apparition à cette époque, alors qu'à des centaines de kilomètres, plus au Sud, des femmes optaient, depuis des lustres, pour d'autres formes de voiles. Il s'agit, en l'occurrence, de l'afer et du tiseghnest, un type de haïk dont se couvrent les femmes de cette région du pays, selon la même source. Ce drapé tissé, qui enveloppait tout le corps de la femme et la mettait à « l'abri » du regard des hommes, fut décliné sous différents styles et couleurs, sa valeur varie selon le tissu avec lequel il est conçu. Le blanc est la couleur dominante dans le type de haïk porté dans les régions du nord et l'ouest du pays, alors que le noir reste exclusif à la région de l'Est. Quant au Grand-Sud, el-haïk est adopté dans des couleurs assez nuancées, qui vont du bleu foncé au jaune ou au vert pistache, pour certains habits traditionnels qui font office de voile. Fabriqué à partir de tissu de laine, de soie ou de soie synthétique, el-haïk réussit, en un laps de temps très court, à se répandre à travers toutes les régions du pays, mais son port fut adapté aux spécificités socioculturelles de la région d'adoption. L'on répertorie, dans ce contexte, une multitude de voiles traditionnels, El-mrama et haïk bel'adjar, dans la capitale et ses environs, haïk bouaouina, en vogue à Blida, Tlemcen et Oran, ahouli ou ghanboure, dans la région de Ghardaïa, et, enfin, la mlaya, adoptée par les femmes de l'est du pays.