Artisanat Soie, mousseline, dentelles et perles pour des rectangles magiques. La voilette d?Alger est le sujet de l?exposition artisanale qui se tient au Musée de Bardo d?Alger. Un lieu hautement symbolique pour cette manifestation, surtout que ce musée garde précieusement plusieurs articles et éléments expressifs des us et coutumes de Mezghena. Ainsi, cette exposition exhibe une trentaine d?aâjar (voilette) et de haïk (voile algérois). Ces costumes traditionnels proviennent des collections privées de Mme H. Boursas, dont se parait la femme d?Alger et de Constantine du début du XVIe siècle jusqu?aux années 1950. C?est l?occasion aussi de découvrir l?histoire du costume traditionnel numide. Selon Mme H. Boursas, le port du haïk ou ksâ est une pratique qui date de l?Antiquité propre à la citadine. Le haïk varie selon la nature du tissu et sa couleur. Lorsqu?il est en soie de couleur blanche, il est destiné aux femmes aisées ; par contre, s?il est en toile bleue, il est alors porté par les femmes aux revenus modestes (généralement les servantes). Cependant, un premier tour dans la galerie du musée nous fait découvrir des haïks d?autres couleurs, dont certains, roses, sont réservés aux mariées, aux cotés de l?indétrônable et célébrissisme haïk m?rama. Ce dernier, toujours en soie blanche, est réservé aux sorties quotidiennes de l?Algéroise. Quant au aâjar, dont le port permettait de dissimuler le bas du visage et le cou, selon Mme H. Boursas, est apparu à Alger au XVIe siècle. La première femme algéroise à l?avoir porté est la fille de La Casbah issue d?un milieu aisé, ce qui en faisait un signe distinctif dès l?adolescence. Pratique ottomane ou d?origine arabe ? Nul ne peut y répondre. Ce qui est certain, c?est que l?aâjar a été vite adopté par les habitantes de la «Cité blanche» puis s?est propagé dans tout Alger, pour gagner d?autres villes, dont, entre autres, Blida et Miliana, jusqu?en 1960. Durant toute cette période, l?aâjar fièrement porté par ces femmes changeait de forme et de couleur selon les circonstances. Ainsi, il était de couleur blanche et garni de fines dentelles travaillées à la chebka pour les sorties quotidiennes ou à l?occasion d?un deuil, ou de couleur pastel richement travaillé, perlé et brodé pour les sorties mondaines et les fêtes. A l?entrée de la galerie est exposé un aâjar de mariée d?une cinquantaine de centimètres, lourdement travaillé de perles sombres. L?aâjar mettait en valeur les yeux de biche des Algéroises, qui étaient qualifiées de ghendja. Exposition de voilettes au Musée national du Bardo d?Alger, du 14 au 30 octobre 2003.