Les protagonistes libyens, dont des chefs de parti politique, des représentants du parlement de Tobrouk, de la société civile et des municipalités de la région ouest et du sud, qui ont pris part au 6e round des pourparlers politiques qui se tiennent depuis mars sous les auspices de Bernardino Leon, le représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies pour la Libye et chef de la Mission d'appui des Nations unies en Libye (Manul), ont paraphé samedi dernier au Palais des congrès international de Skhirat, au Maroc, l'accord « de paix et de réconciliation » proposé par l'ONU. Comme redouté depuis un moment, cette cérémonie s'est déroulée en l'absence des représentants du Congrès national général (CNG) dit parlement de Tripoli. Mardi, ils ont rejeté le projet d'accord qui prévoit la formation d'un gouvernement d'union nationale et la tenue de nouvelles élections. « C'est un pas, mais c'est réellement un pas important sur la voie vers la paix à laquelle tous les Libyens aspirent », déclare Bernardino Leon lors de la cérémonie de signature, indiquant que la communauté internationale espère que cet accord puisse mettre fin à un conflit qui sévit depuis 2011. « Ces accords, poursuit-il, dessinent les principes : les institutions et les mécanismes de prise de décision pour compléter la transition et ce jusqu'à l'adoption d'une nouvelle constitution ». Précision de l'émissaire onusien qui laisse la « porte ouverte » aux gens de Tripoli avec la possibilité de discuter avec eux sur les points litigieux après l'Aïd el fitr, « un travail crucial doit encore être fait » pour « impliquer » notamment les groupes armés dans ce processus. Parmi ces points : la demande des membres du parlement de Tripoli de voir figurer le « respect de la magistrature » dans les accords, en référence probablement à la Cour suprême qui a, en novembre dernier, décidé d'invalider le parlement basé à Tobrouk, dans l'est du pays. Les membres du parlement de Tripoli « doivent assumer leurs responsabilités et cesser la fuite en avant », déclare Abu Bakr Baira, un membre du parlement de Tobrouk, reconnu internationalement. Pour contourner ce dialogue de sourds qui mène inexorablement vers une multiplication des milices, une implantation élargie de Daech et une scission à court terme, des politiques libyens plancheraient actuellement sur une troisième voie : un Etat fédéral. L'émissaire onusien qui a ppelé toutes les parties à « se défaire des chaînes du passé et à œuvrer à construire un avenir commun qui renforcera la coopération, l'intérêt et l'unité nationale » est convaincu que le CNG, dominé par les islamistes, paraphera sous peu ce document qui ouvre la voie à la formation d'un gouvernement d'union nationale et à la dissolution de tous les groupes armés et l'intégration de leurs membres dans l'armée ou la police nationales. « L'accord ne subira pas de modifications mais on pourra toujours trouver une solution aux divergences qui ne sont pas de fond », dit-il. « L'accord de ces dernières heures sur la Libye est une étape importante dans les efforts pour stabiliser la région et rétablir la paix dans ce grand pays », déclare le chef du gouvernement italien Matteo Renzi. « Chaque jour qui passe, la nécessité de résoudre la crise libyenne apparaît plus évidente et centrale pour les risques liés au terrorisme comme pour les événements liés à l'immigration », ajoute-t-il, en assurant que l'Italie n'abandonnera « jamais ses amis et alliés ».