Des doutes persistaient hier, jusqu'à la dernière minute, sur la reprise (ou pas) à Skhirat (Maroc) du deuxième round des négociations indirectes, sous l'égide de l'ONU, entre les représentants du Parlement de Tobrouk et ceux du Congrès national général (CNG) libyen. Pourtant, la délégation du CNG était présente à Skhirat, alors que le Parlement avait déjà annoncé la veille sa décision de venir au Maroc pour remettre à Bernardino Leon ses conditions concernant la formation du gouvernement de réconciliation nationale prôné par les Nations unies et soutenu par la communauté internationale avec, notamment, la quasi-majorité des pays de la région. De son côté, le Parlement de Tobrouk exige de Fadjr Libya la reconnaissance de l'armée nationale libyenne. Une condition rejetée par l'ex-membre du CNG, Cherif Ouafi, présent à Skhirat. Des discussions de Skhirat, l'ONU attend surtout une percée sur la voie de la formation d'un gouvernement d'union nationale. C'est l'objectif premier du dialogue libyen au Maroc, remarque Cherif Ouafi, qui émet toutefois des réserves : «La question de l'identification du terrorisme bloque encore la réconciliation entre les divers belligérants en Libye.» Les élus du Parlement de Tobrouk n'ont pas encore admis d'être traités sur un pied d'égalité avec les membres du CNG dont la légalité a expiré. «La communauté internationale reconnaît le Parlement comme l'unique autorité légitime en Libye et nous espérons voir cela dans les propositions avancées aux divers belligérants», insiste Fehmy Touati, membre du Parlement. Plusieurs sources proches du Parlement de Tobrouk mettent l'accent, sous le couvert de l'anonymat, sur des pressions subies par leur camp pour abandonner l'attachement à leur légitimité et accorder aux membres de Fadjr Libya et aux représentants de la ville de Misrata plus que ce que leur ont accordé les urnes. Les pourparlers de Skhirat ne sont pas les seuls concernant la Libye en ce moment. Conjoncture Alger a vu, elle aussi, se réunir il y a quelques jours les représentants des partis politiques libyens. Les participants à la réunion d'Alger se sont engagés à «défendre l'unité nationale libyenne et refuser l'intervention étrangère en Libye». Ils ont également appelé à «conjuguer les efforts pour lutter contre les groupes terroristes de Ansar Charia, Daech et Al Qaîda avant qu'il ne soit trop tard». La ville égyptienne de Marsa Matrouh voit elle aussi défiler les représentants des tribus libyennes, réunies pour s'entendre sur l'avenir de leur pays. Toutefois, plusieurs chefs de tribu présentent des réserves quant à la tenue de cette réunion en Egypte. «Rien n'empêche la tenue de cette réunion en Libye», pense Salah Attiouchi, chef de la tribu Al Magharba, l'une des plus grandes de Libye, installée dans la province de Barka, entre Syrte et Benghazi. Pour le politologue et ex-membre du Conseil national de transition, Mohamed Souid, «la situation est explosive en Libye avec la poussée des terroristes de Daech, notamment à Syrte et Derna». «Les factions libyennes, attachées à leur Etat, n'ont plus de temps à perdre», insiste-t-il. «Il y a clairement un besoin consistant à ce que l'Est et le Parlement de Derna fassent des concessions à Misrata pour la détacher de Ansar Charia», conclut-il.