C'est une salle de la maison de la culture Mouloud- Mammeri de Tizi Ouzou pleine à craquer qui a réservé une standing-ovation à Yasmina, dès son entrée sur scène. Cette dernière vient de prendre le relais de Ali Idheflawen, qui a assuré la première partie du spectacle. La salle comble était restée accrochée à la voix suave et chaude de la chanteuse. Passant en revue certains titres de son riche répertoire, l'artiste rendra un bel hommage aux grands chanteurs kabyles comme Slimane Azem et Lounès Matoub, en présence de Malika, la sœur de ce dernier. D'ailleurs, dans un coin de la scène, un portrait de Yasmina avec Matoub trône sur un chevalet. Et comme pour illustrer cette image d'amitié, l'artiste reprend un des gros succès de Matoub, « Smahaghawan » (je vous pardonne), chanson écrite par le poète Ben Mohamed, au début des années 1990. Yasmina entame ainsi son tour de chant par une chanson dédiée aux enfants, et plus particulièrement à son fils Ali, handicapé. Elle rend aussi un hommage aux mamans. Comme elle chante aussi les vicissitudes de la bru mal aimée par sa belle-famille, une manière pour elle aussi de rendre hommage à toutes les femmes battues et maltraitées. Avant de clôturer son gala, l'artiste ne manque pas de remercier publiquement Ould Ali, le directeur de la maison de la culture Mouloud-Mammeri, « pour son intérêt à la chanson kabyle et à la promotion de la culture amazighe, en offrant la possibilité à des artistes confirmés de renouer avec la scène et leurs fans, et aux jeunes talents en herbe de s'exprimer », prenant à témoin son public qu'elle a du mal à quitter, surtout que ce dernier le lui rend bien. Et comme pour étayer ses propos, elle offre la possibilité au jeune Rachid Challal de se produire durant l'entracte. Dans sa loge, elle ne manquera pas de dénoncer l'attitude des programmateurs tant au niveau de la télévision qu'au niveau des spectacles et galas : « Ce n'est pas normal que l'on fasse tourner deux ou trois artistes et que l'on mette de côté les autres. Nous sommes tous des Algériens, mais on continue à privilégier une minorité au détriment de la majorité. » Une confidence qui en dit long sur la frustration de cette artiste de ne pas rencontrer ses fans à travers le pays. « Je voudrais aussi avoir le visage fouetté par le sable du Sahara, cueillir l'abricot à Batna et la cerise à Miliana. Je voudrais aussi goûter à la Chakhchoukha de l'Est et l'harira de l'Ouest. Pourquoi nous prive-t-on de notre Algérie, ce beau pays que je ne connais qu'à travers les reportages à la télé ? » Enfin, tout en annonçant la sortie prochaine d'un nouveau produit, elle s'excuse auprès de ses fans qui n'ont pu avoir accès à la salle, non sans émettre le vœu de se produire dans un grand stade, histoire de permettre à tous de prendre part au spectacle. Rachid Hammoutène