En présence des ministres de l'Industrie et des Mines, des Finances et celui du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale ainsi du secrétaire général de l'UGTA, la délégation du FCE a remis, à cette occasion, le document final, intitulé « Emergence de l'économie algérienne », capitalisant le travail de 38 commissions mobilisées depuis plusieurs mois. Ce document « constitue un élément supplémentaire dans le sens du dialogue constructif entre les partenaires sociaux. La contribution de l'organisation patronale s'inscrit dans la vision du gouvernement quant à la politique de développement de la production nationale et de la compétitivité », a souligné un communiqué du Premier ministère. A l'issue de la rencontre qui s'est déroulée à huis clos, le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdesselam Bouchouareb, a insisté sur l'importance de cette action qui s'inscrit, a-t-il précisé, dans le cadre du processus de dialogue que le gouvernement assure « en permanence avec ses partenaires sociaux ». Qualifiant le document du FCE de « bonne initiative », le ministre de l'Industrie a indiqué qu'il est question, aujourd'hui, de « converger et de conjuguer les efforts du gouvernement et des opérateurs économiques pour réaliser une croissance et apporter des solutions aux financements de l'économie nationale ». Les priorités du Forum Le FCE est sortie satisfait de cette rencontre. Lors d'une conférence de presse organisée à l'hôtel El Aurassi, ce sentiment a été clairement affiché. « Le FCE se félicite de l'intérêt que porte le Premier ministre à sa démarche et aux propositions que les membres adhérents ont élaborées dans le cadre des travaux de leurs commissions et à l'issue des rencontres tenues avec les ministres en charge de l'économie nationale », a souligné Ali Haddad, précisant que le gouvernement a « manifesté son engagement de réfléchir » aux propositions avancées par le FCE. Selon lui, « le gouvernement s'est engagé à aller vers d'autres réformes ». Du point de vue du FCE, trois exigences fondamentales doivent être satisfaites pour la construction ,d'une économie prospère : la mise en œuvre dans les faits de l'article 37 de la Constitution qui consacre la liberté d'entreprendre et d'investir, la confirmation et la consolidation du rôle régulateur de l'Etat et, enfin, la dépénalisation de l'acte de gestion. Ali Haddad a fait observer qu'il est impératif, devant cette situation de crise, de « mobiliser les ressources des secteurs privé et public » pour mettre un terme à « cette économie qui repose sur la politique de la rente ». Le FCE s'est dit favorable à un partenariat public-privé, soulignant qu'il est contre la politique de privatisation et n'ambitionne pas de récupérer l'actif des entreprises publiques. Dans le cadre de l'investissement, le FCE propose de lancer une politique de champions économiques. Il s'agit de sélectionner une première liste de 200 entreprises privées nationales. Il suggère également de lancer un emprunt national de 2.000 milliards de dinars (environ 20 milliards de dollars) destiné au financement des projets prioritaires. En outre, le FCE propose 16 mesures structurelles et d'autres sectorielles touchant, entre autres, les secteurs de la mécanique et de la sous-traitance, de l'agriculture, des transports, de la logistique. Des mesures à même de porter, selon lui, le taux de croissance à 7%, de créer 60.000 emplois par an et de réduire la facture des importations de 15 milliards de dollars durant les 5 années à venir. Réforme du système des prix et subventions ciblées Dans ses propositions, le FCE a donné un nouveau mode opératoire pour la gestion des transferts sociaux. « Le gouvernement injecte 30% du PIB (produit intérieur brut) dans les transferts sociaux, dont 1.707 milliards de dinars par an dans le cadre du soutien aux prix des produits de première nécessité. En plus, il y a de l'abus et de l'injustice », a souligné Omar Ramdane, membre du FCE. Raison pour laquelle l'organisation patronale souligne qu'il est judicieux de « soutenir non pas les prix mais les ménages les plus démunis ». Le FCE propose des mesures qui permettraient de réduire le budget alloué aux transferts sociaux à 400 milliards de dinars. « Nous avons été surpris par le fait qu'il y a un répondant de la part du gouvernement », affirme Ramdane. Aussi, le FCE propose d'instaurer une allocation de solidarité pour les personnes et les ménages ciblés allant de 4.000 à 10.000 DA par mois. Selon le FCE, 18 millions d'Algériens peuvent percevoir cette allocation. Ils sont répartis dans trois catégories : les foyers sans ressources qui représentent 24% de la population, les foyers au revenu égal au SNMG, soit 1,2 million de familles et, les foyers au revenu égal à 1,5 fois le SNMG, soit 600.000 familles. Il plaide, également, pour la création d'une caisse nationale de solidarité nationale. En contrepartie, « il faut aider le gouvernement à aller vers les prix réels du marché », a indiqué Haddad, soulignant la nécessité de libérer progressivement les prix du carburant. Le FCE prône des réformes fiscales profondes. Il demande également de lancer une opération d'assainissement fiscal pour réintégrer dans le champ légal les volumes financiers circulant dans le circuit informel en taxant à hauteur de 10% les montants déclarés puis déposés dans les banques. Selon Omar Ramdane, le Premier ministre a déclaré que sur les 3.700 milliards de dinars qui circulent dans l'informel, 1.700 ont été récupérés.