L'aisance financière qu'a connue l'Algérie depuis 2002 est la résultante directe de l'envolée des cours des hydrocarbures et de l'augmentation de leurs volumes d'exportations. Les hydrocarbures restant la source principale des ressources en devises (60 milliards de dollars en 2014). Toutefois, la nouvelle conjoncture économique, caractérisée notamment par la chute brutale des cours du pétrole qui n'est pas restée sans effet sur le baril de brut du Sahara Blend (une baisse de 15,02 dollars a été enregistrée entre décembre 2014 et janvier 2015, pour atteindre 44,38 dollars), illustre l'urgence pour l'Algérie de mettre en place de vraies réformes économiques pour diversifier son économie et réduire sa dépendance aux revenus d'exportations des hydrocarbures. Comment diversifier et développer l'économie nationale ? La diversification de l'économie algérienne a été longuement au cœur des débats et discours de nos responsables politiques et économiques. Cette question a été aussi soulevée moult fois par les différentes institutions internationales (Fondsmonétaire international, Banque mondiale, ....). Des propositions ont été ainsi faites à l'effet de réduire la forte dépendance de l'Algérie aux hydrocarbures en optant pour une politique visant à promouvoir la production nationale hors hydrocarbures. L'on peut citer, à ce titre, les propositions faites par le Forum des chefs d'entreprises (FCE), sous l'ère de Hamiani. Cette organisation patronale a ainsi présenté, en mars 2012, une cinquantaine de propositions mettant l'accent sur la nécessité de s'engager dans la mise en œuvre d'une nouvelle économie moins dépendante des hydrocarbures et porteuse d'un nouveau pacte de croissance. Le FCE a ainsi regroupé ses propositions en quatre catégories majeures portant notamment sur les moyens à mettre en œuvre quant à la relance et au soutien de l'investissement, comment régler le problème épineux de l'informel, les mesures à prendre en vue de simplifier l'environnement de l'entreprise et améliorer le climat des affaires et enfin, les mesures d'accompagnement en termes d'organisation économique et d'ordre institutionnel. Au chapitre de la relance et du soutien de l'investissement, l'organisation patronale a fixé pour l'économie nationale un objectif de croissance annuelle minimale de 8 à 10% sur une dizaine d'années. Pour atteindre cet objectif, le Forum préconise une vingtaine de mesures, dont le lancement d'une politique de «champions économiques» devant bénéficier du soutien total de la part des pouvoirs publics, l'ouverture de l'ensemble des secteurs d'activités économiques aux privés et la création d'une banque dédiée exclusivement au financement de l'investissement privé lié à la création des PME. L'organisation patronale propose également l'élaboration d'une stratégie nationale s'étalant sur 7 à 10 ans afin d'assurer la sécurité alimentaire totale ou partielle (à hauteur de 70% au minimum) du pays. Le FCE recommande aussi de remplacer le soutien des prix pour les produits de large consommation par l'instauration d'un complément de revenus au bénéfice des couches de population à faible revenu. Il est aussi proposé de reprendre et relancer, sur une base régulière et avec l'appui des pouvoirs publics, la campagne «Consommons national». Et pour contenir et réduire le secteur informel de manière graduelle, le Forum des chefs d'entreprises souhaite le relèvement du plafond du chiffre d'affaires des entreprises et activité soumises à l'impôt forfaitaire unique (IFU) à 30 millions de dinars, mais aussi la multiplication des marchés de gros de fruits et légumes et en faire graduellement un lieu de passage de l'ensemble du commerce de produits agricoles. Créer des marchés bihebdomadaires de quartier pour y intégrer au fur et à mesure le commerce de rue et les marchands à la sauvette, réformer en profondeur le système du registre de commerce, moderniser et mettre à niveau le système national d'information économique et social et enfin mettre l'accent sur le suivi des activités économiques du secteur privé national, sont autant de mesures devant, selon cette organisation patronale, permettre de réduire de manière graduelle le champ d'influence du secteur informel. Le FCE propose, par ailleurs, d'améliorer l'environnement de l'entreprise et le climat des affaires. La réforme du droit économique et du système fiscal, le relèvement du taux de rémunération des dépôts pour drainer les capacités d'épargne, le changement de la valeur faciale de la monnaie nationale par l'adoption d'un dinar lourd (1 DA = 100 DA), la modernisation du régime du change, la dynamisation de la Bourse d'Alger et la levée de l'interdiction de l'importation d'équipements et matériels d'occasion, notamment pour les secteurs de l'industrie et du Btph, sont ainsi les propositions émises par le FCE à l'effet de contrer les entraves liées à l'efficacité et à la compétitivité des investisseurs et des producteurs. Enfin, le Forum recommande, en outre, la création d'un ministère de l'Economie nationale regroupant les départements des finances, de l'industrie et du commerce. Une telle mesure est conçue, selon le FCE, pour créer un déclic et relancer le développement économique national sur des bases nouvelles. M. Haddad préconise des mesures visant à atteindre une croissance de 7 à 10% Ali Haddad, élu le 27 novembre dernier à la tête du FCE, entend poursuivre le parcours de son prédécesseur, en relançant la campagne «Consommons national», à l'effet de promouvoir le produit local et protéger l'économie nationale dans un contexte marqué par la chute des prix du pétrole. M. Haddad, qui s'est réuni avec les différents membres du gouvernement de M. Sellal, compte ainsi présenter au gouvernement un document qui comporte des mesures structurelles de nature à impacter rapidement la croissance de l'économie et à réduire sensiblement la facture alimentaire. Les mesures préconisées par le FCE visent principalement à atteindre une croissance globale de 7 à 10%, d'augmenter la part de l'industrie dans le produit intérieur brut (PIB) de 5%, actuellement, à 15%. Elles prévoient également la création de quelque 500 000 emplois directs et de réduire la facture des importations de 10 milliards de dollars tout en augmentant substantiellement les exportations hors hydrocarbures. B. A.