Le Comité contre le terrorisme (CCT), une instance des Nations unies créée dans le sillage des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, a entamé, hier, à Madrid, une réunion de haut niveau sur le phénomène des « terroristes étrangers » qui se rendent dans les zones de conflit (Syrie, Irak, Libye, Nigeria...) pour rallier Daech, al-Qaïda, al-Nousra, Boko Haram. Un phénomène qui est apparu en Afghanistan dans les années 80 et qui a augmenté de 70% entre juin 2014 et mars 2015. Abdelkader Messahel, ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, développera, lors de cette rencontre qui se tient en dehors des murs des Nations unies pour la première fois depuis 2011, « la position de l'Algérie » sur cette problématique et informera les participants des conclusions et recommandations de la conférence internationale d'Alger sur l'extrémisme violent et la déradicalisation qui s'est tenue les 22 et 23 juillet à Alger. Co-organisée par les Nations unies et le ministère espagnol des Affaires étrangères et de la Coopération, cette rencontre, qui a été précédée d'un conclave de plus de 200 experts, sera centrée, selon les secrétaires d'Etat espagnols à la Sécurité, Francisco Martinez et aux Affaires étrangères, Ignacio Ybanez, sur les mesures à prendre pour « prévenir, combattre et arrêter » le flux de ces « mercenaires », chiffrés par les experts des Nations unies entre 25.000 et 31.000, dont 5.800 Tunisiens, et ce, conformément à la résolution 2178 du Conseil de sécurité. Adoptée le 24 septembre 2014, celle-ci appelle à « prévenir le recrutement, l'organisation, l'équipement et le déplacement des individus dans un Etat autre que leur pays de résidence pour perpétrer, planifier ou participer à des actes terroristes ». « La coopération est indispensable pour égaler la rapidité et la fluidité des organisations terroristes », explique Jean-Paul Laborde, directeur exécutif de ce comité. Tout en étant axés sur la détection et le recrutement de ces terroristes d'un nouveau genre, les travaux porteront sur la prévention et la réinsertion de ceux qui reviennent dans leurs pays d'origine, de sorte que « l'avant », « le pendant » et « l'après » soient appréhendés. C'est un phénomène mondial, rappelle Laborde. Il touche, dit-il, l'Europe, la Chine, la Russie, le Maroc, la Tunisie et l'Egypte. Et pour aborder ce phénomène, le travail doit se faire sur plusieurs fronts : le militaire, mais aussi le social. » Il faut « connaître les raisons de l'attrait des jeunes pour Daesh », estime le directeur du comité, insistant sur le « dialogue interculturel et interreligieux » et le « recours au système d'informations préalables sur les passagers ». « Sur les 51 pays qui en sont dotés, seuls 25 travaillent réellement avec le système », déplore Laborde.