L'universalité musicale n'est pas une vocation dont pourrait se targuer n'importe quel artiste, aussi génial soit-il. Sadek Djemaoui, qui a écumé, des décades durant, toutes les scènes du monde pour donner de la voix à ses succès immortels qui ont marqué l'âge d'or de la chanson algérienne, comme « Djibouha ya louled » ou « Choukran oustadi », est de ces artistes pas comme les autres. Loin de nous l'envie de tresser des lauriers à l'enfant terrible d'Aïn-Taya, mais force est de reconnaître en lui un artiste avec tout ce que ce vocable désigne comme noblesse, élégance, mais aussi et surtout sincérité. Malgré l'indifférence de nombreux organisateurs de spectacles et de quelques médias lourds, dont il se dit être victime, Sadek Djemaoui demeure un auteur compositeur d'une intarissable profusion. Le très lourd rôle défenseur des causes justes, qu'il arbore en bandoulière, est sa première force matrice. Lors d'une très sympathique rencontre dans son quartier natal de Surcouf, dans la commune d'Aïn-Taya, l'artiste nous a fait part de ses projets. C'est par la langue de Molière, et par la musique universelle, qu'il entend investir la scène internationale. Bien évidemment, sous le slogan de cet humanisme qu'il revendique comme une seconde identité. D'où le prix de l'Unicef pour l'enfance mal traitée, qu'il a hautement glané en 2014. Pour ce faire, il vient de composer, avec un savoir-faire musical sans précédent, une pléiade de chansons dédiées à l'enfance laissée pour compte, victime des guerres et des exodes, aux orphelins, aux femmes... « Dans les yeux d'un enfant », « Une voix pour l'enfance ». « Je prête ma voix et main forte à toutes les associations qui œuvrent sur le terrain pour sensibiliser l'opinion nationale et internationale quant au tragique sort cruellement réservé aux enfants, notamment dans les pays pauvres », explique-t-il en formant le vœu d'aller chanter dans le grand amphithéâtre de l'Union Européenne (UE) pour sensibiliser ses locataires sur les enfants des réfugiés maliens, nigériens, libyens, yéménites, syriens, irakiens, palestiniens... « Je veux faire bouger les choses. Il est complètement inadmissible de rester passif devant ces tragédies humaines qui n'honorent pas le monde dans lequel nous vivons », s'insurge-t-il. Et de poursuivre : « La musique universelle nous aide à étendre le champ de notre combat pour l'enfance. C'est pourquoi, je chante en arabe, en kabyle mais aussi en français, en usant de mélodies riches et variées » . Aussi nobles soient-elles, les ambitions de ce vieux routier de la chanson engagée ne s'arrêtent pas là. Après le vieux continent, c'est vers l'ONU qu'il porte actuellement toute son attention, mais pour une cause toute aussi juste que la solidarité avec les enfants : l'environnement et le changement climatique. Un terrain qui ne lui est pas inconnu et pour lequel il a réalisé quelque huit clips avec la collaboration de la Direction générale des forêts (DGF), dans le cadre de la préservation du patrimoine naturel du pays. Dans la perspective de la prochaine réunion prévue en décembre à Paris, l'auteur de « Ma Cavale » est en voie de finaliser un nouvel album comprenant des titres didactiques, ayant pour seul et unique souci de simplifier et de vulgariser le discours scientifique sur les risques encourus par l'humanité suite aux grandes mutations climatiques. A ses yeux, « un monde sensibilisé signifie un environnement protégé ». Il compte proposer son nouveau produit au ministère de l'Environnement, de manière à accompagner la délégation algérienne tant sur le plan pratique que pédagogique.