Les enquêteurs, aidés par des experts internationaux en lutte antiterroriste, ont trouvé des numéros de téléphone et des adresses sur les cinq terroristes éliminés lors de l'assaut donné par les forces maliennes. Sur l'un d'entre eux, ils ont trouvé une carte d'identité d'un natif de Teninkou, un village de Macina, une région du centre du Mali. Ces informations auraient mis le gouvernement sur la piste des hommes d'Amadou Koufa, un prêcheur originaire de Mopti. Son groupe, le Front de libération du Macina (FLM), un mouvement qui « tient à faire parler de lui par tous les moyens » est apparu début 2015 avec l'attaque de la ville de Nampala. Depuis, il cherche à étendre la violence au sud du Mali avec Ansar Eddine, un groupe terroriste lié à Al-Qaïda. « L'objectif des terroristes aujourd'hui est de semer la panique, d'amener les uns et les autres à douter d'eux-mêmes, de la capacité de l'Etat à relever les défis, des forces internationales à continuer à aider le Mali dans sa lutte contre le terrorisme », explique Choguel Maïga, le porte-parole du gouvernement malien. L'opposition malienne est montée dimanche dernier au créneau. Deux partis, l'Union pour la République et la démocratie et le Parena, dénoncent le manque de mobilisation du gouvernement et le peu de moyens donnés à l'armée pour faire face au terrorisme. « Il est important que le gouvernement mette les moyens en place pour que notre armée puisse vraiment travailler et faire face (...). On fonctionne encore comme si la situation était tout à fait normale », explique Soumaïla Cissé, chef de file de l'opposition et du président de l'URD. Le Pr Ali Nouhoum Diallo, l'ex-président de l'Assemblée nationale du Mali, « désapprouve et déconseille » la tenue des élections municipales et régionales le 25 octobre prochain, confirmée par le dernier Conseil des ministres. Avec leur tenue, il craint « le risque de partition du pays ». Selon ses dires, le temps n'est pas encore favorable pour une telle opération. « Aller aux élections sur la base de quelle circonscription électorale régionale ? », s'est-il interrogé avant d'évoquer les 19 régions promulguées par l'ancien président, Amadou Toumani Touré. Le bilan officiel de l'opération, lancée le 8 août dernier par les forces spéciales maliennes, fait état de treize morts, dont quatre soldats maliens. Cinq employés d'un sous-traitant de la mission de l'ONU ont également perdu la vie : un Malien, qui était le chauffeur de la compagnie sous-traitante, un Népalais, un Sud-Africain et deux Ukrainiens. Huit soldats ont été blessés. Quatre personnes ont pu être libérées. Sept semaines après la signature de l'« accord de paix et de réconciliation » négocié pendant près d'un an avec les mouvements rebelles du Nord-Mali, à Alger, cette prise d'otages prouve, si besoin est, que la pacification du Mali n'est pas acquise. C'est dans cet esprit qu'une rencontre entre les responsables des différents mouvements armés du Mali, initiée par le gouvernement nigérien, est annoncée à Niamey, capitale du Niger, du 15 au 16 août prochain. Cette réunion vise, dit-on, à réconcilier les leaders de la Plateforme, qui sera conduite par son président, Me Harouna Tourehn, et ceux de la Coordination des mouvements de l'Azawad, par Alghabass Ag Intallah, et à décrypter la situation sur le terrain pour faire cesser les violences et permettre la mise en œuvre de l'accord du 15 mai 2015.