L'invité du mois est une nouvelle rubrique qu'Horizons propose à ses lecteurs. Une fois par mois, nous publierons un entretien que notre équipe journalistique réalisera avec un invité. Notre premier invité est le célèbre humoriste Ahmed Kadri, plus connu sous le nom de scène de Krikèche. Samira Sidhoum nous fait découvrir sa personnalité et son univers. La scène n'avait de place que pour les tribulations d'un Krikèche qui enflammait les foules par son humour caustique. Ce grand comédien, resté humble dans sa tunique légendaire, incarnant le défunt Mohamed Touri, troqua sa tenue de boyscout pour aller prêter main forte au théâtre d'avant-garde. Poussé par l'appel nationaliste, il se confond à l'humour pour faire passer le message à travers tout le territoire national. C'est dans les salles sombres de la pêcherie que naquit le talent de ce maître du rire qui prit le relais de ses anciens co-disciples. De son vrai nom Kadri, cet homme aux mille et un tours savait mettre le ton dans l'interprétation des rôles. L'improvisation était son fort, Krikèche excellait au grand jour pour arracher un sourire aux passants. C'est la rue qui a adopté ses premiers jeux de scène. Il serait derrière toutes les représentations populaires. La scène lui doit ses friandes répliques dans les séries « Mégères apprivoisées ». Dans le long cheminement de ce comédien, qui en demande encore pour renouer avec son public, se dressent les aléas de l'âge. Il sera le tout dernier des acteurs à jouer le beau final. Après Mohamed Oueniche, Ahmed Kadri s'inscrit dans la lignée des derniers «dinosaures» à hanter les coulisses du théâtre. Demain est un autre jour, le tout jeune avant-premier de la dernière comédie nous fait signe d'un clin d'œil qu'il est en mesure de remonter sur scène et nous faire encore pleurer de rires. Il conserve de beaux restes, sur son visage mi-triste mi-jovial, il nous invite à un dernier tour avec sa voix qui bégaie… A quelques encablures de son natif sanctuaire du show, Krikèche nous convie à sa carrière professionnelle dont l'humour dominant a toujours caché une sensibilité d'un géant au cœur tendre.