Institutionnalisé, par le ministère de la Culture, avec le noble but de préserver et porter aux devants le riche patrimoine poétique algérien, le Festival culturel national de la poésie Melhoun, dédié au grand maître du genre, Sidi Lakhdar Benkhelouf, entamera sa troisième édition à partir de jeudi -et jusqu'au 26 août prochain- à la maison de la culture, Ould Abderahmane-Kaki à Mostaganem, ainsi que dans les communes de Sidi Lakhdar, El Hadjadj et Mazaghran. Pour cette année, les organisateurs ont décidé de rendre hommage à deux grands piliers de la poésie populaire qui ne font plus partie de ce monde, en l'occurrence, le grand barde mostaganémois, Cheikh Hamada, et le grand poète, auteur-compositeur, El Hadj Mohamed El Habib Hachelaf. Lors d'une conférence de presse animée hier à la Bibliothèque nationale algérienne, à Alger, le commissaire général du festival, Abdelkader Bendaméche, a mis l'accent sur la nouveauté prévue dans le cadre de ce troisième numéro. Il s'agit, pour la première fois dans les annales de la poésie populaire, du lancement d'un concours national au profit des jeunes poètes du Malhoun, représentant l'ensemble des régions du pays. « Pour nous c'est un grand défi dans la mesure où nous donnerons lieu à une véritable compétition entre les postulants qui seront triés sur le volet par un comité de jury composé d'éminents spécialistes », souligne M. Bendaméche, ajoutant que la présélection a débuté le mois de février dernier. Quelque vingt cinq poètes postuleront pour le titre final prévu le dernier jour du festival. Deux répertoires du Melhoun ont été choisis, à savoir le Madh (Panégyrique religieux) et la poésie révolutionnaire et nationaliste étant donné que cette troisième édition entre dans le cadre des festivités du 60e anniversaire du recouvrement de l'indépendance du pays. Le gagnant du premier prix aura pour récompense une enveloppe de 150.000 DA, le second, 100.000 DA tandis que le troisième et le quatrième auront chacun 50.000 DA. L'autre nouveauté de ce prestigieux rendez-vous culturel : l'édition d'un ouvrage en forme de recueil de textes poétiques inédits, « Etarz El Metkoun Fi Chîir El Melhoun » écrit par un grand spécialiste de la question, le poète Bachir Touhami. Un précieux livre qui sera distribué, selon le commissaire général, aux universités et aux bibliothèques du pays. « En plus des bulletins périodiques du festival, cette nouvelle édition s'inscrit en droite ligne de la préservation et la mise en valeur du riche et varié corpus poétique qui fait la fierté de tous les Algériens », soutient-il. Aussi les responsables du festival travaillent en étroite collaboration avec plusieurs universités notamment celle d'Abdelhamid-Benbadis de Mostaganem pour la récupération des textes inédits. « C'est là une mission prioritaire pour nous », poursuit-il non sans évoquer, dans ce sens, la sortie prochaine aux éditions Enag, de son nouvel ouvrage dédié au fondateur du Melhoun algérien, Sidi Lakhdar Benkhlouf. M. Bendaméche fait le vœu et se dit même optimiste de l'introduction de la poésie populaire et de ses grands porte-drapeaux dans le système éducatif de façon à faire découvrir aux futures générations ces femmes et ces hommes qui ont donné à l'histoire de l'Algérie ses plus belles lettres. Cette idée n'est pas nouvelle, explique ce grand spécialiste de la musique du terroir, puisque des sommités de la scène culturelle, à l'image d'El Hadj El Anka ou Boudali Safir avaient à maintes reprises plaidé et milité en sa faveur. En plus de l'ouvrage poétique, un CD comprenant les chefs-d'œuvres de Cheikh Hamada et de Hachelaf a été réalisé à cet effet, ainsi que sept films retraçant le parcours de ces deux grands poètes et plusieurs autres.