Photo : Lylia M. Les détenus algériens se comptent parmi ceux qui sont les mieux traités en Afrique, ont affirmé, hier dans une conférence de presse à Alger, les membres de la délégation de la commission africaine des droits de l'homme qui avait effectué, au cours de ce mois, une mission de promotion dans notre pays et ce, à la demande du gouvernement algérien. Cette mission consiste à récolter des informations sur les prisonniers et les conditions de leur détention, sur la peine de mort et sur les droits de la femme. «Dans les prisons algériennes, les détenus sont bien traités par rapport aux autres pays africains. Les efforts fournis par l'Etat algérien pour l'instruction des détenus sont louables ainsi que son souci de veiller au respect des standards minimaux en matière de logement, de nourriture, de soins de santé et de loisirs, dans la prison d'El Harrach notamment. Cependant, nous avons constaté un surpeuplement dans des prisons. Il y a, en effet, des centres de détention qui abritent 2900 prisonniers alors qu'à l'origine, ils sont conçus pour abriter 2100», fait savoir Catherine Dupe Atoki, commissaire et rapporteure spéciale sur les prisons et les conditions de détention en Afrique. La délégation, poursuit-elle, a rencontré les responsables du ministère de la Justice et a apprécié les efforts fournis par ce dernier pour la construction de 81 nouvelles prisons dont 13 sont sur le point d'être achevées et 02 déjà prêtes. «Nous avons sollicité ce ministère pour que les accusés ne soient plus emprisonnés avant le traitement de leurs dossiers», confie-t-elle. Par ailleurs, la délégation estime que l'Algérie est l'un des rares pays africains à avoir criminalisé la torture et salue, par la même occasion, les mesures prises par notre pays pour éradiquer cette pratique. En outre, dans le même sillage et à propos de la peine de mort, les membres de la commission africaine félicitent notre pays qui n'a pas procédé à des exécutions depuis 1993. «Les grâces présidentielles ont joué un rôle important dans ce domaine. C'est grâce à elles que des peines de mort se sont transformées en des peines de prison à perpétuité ou à durée déterminée», assure Soyata Maiga, commissaire et rapporteure spéciale des droits de la femme dans le continent noir. Cette dernière ajoutera, dans le domaine des droits de la femme en Algérie, que la société civile doit s'impliquer pour que les décisions du gouvernement, en faveur de la femme, soient exécutées sur le terrain. «En matière de droits socio-économiques de la femme, l'Algérie est très avancée. Nous avons noté une forte présence de la femme dans le secteur de l'Education, de la Santé et de la Justice. Néanmoins, malgré la volonté de l'Etat d'impliquer davantage la femme dans le domaine politique, sa participation reste inférieure par rapport aux autres pays africains. En Algérie, elle est à 07% alors qu'au Rwanda, elle est à 52%. Certes, l'Algérie a adhéré à la charte africaine relative aux droits de la femme qui agit contre la discrimination. Mais il faudrait qu'elle poursuive la relecture de son Code de la famille, souligne Mme Maiga. Cela dit, reprend-elle, même si en matière de droits de l'homme l'Algérie a encore à faire sur le plan mondial, elle est toutefois en bonne position au niveau africain. «D'ailleurs, nous nous attendons à ce qu'elle ratifie la charte africaine des droits de l'homme et des peuples et celle de la démocratie, des élections et la gouvernance», conclut-elle.