Tout en se référant aux acquis de son secteur, notamment dans le domaine de la recherche, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Tahar Hadjar, n'a pas manqué de souligner que le projet puise son contenu des résultats des deux derniers quinquennats. Il s'agit d'un projet qui considère l'activité de la recherche scientifique et du développement technologique comme priorité nationale, obligeant, pour la première fois, les opérateurs économiques à investir dans l'effort national de promotion de ces activités. L'accent est mis sur la promotion de la valorisation économique de l'activité de recherche scientifique et de développement technologique. L'article 4 de cette loi stipule l'obligation faite aux opérateurs économiques d'investir dans l'effort national de promotion de la recherche scientifique et du développement technologique tout en bénéficiant de mesures incitatives et d'encouragement définies annuellement par les lois de finances. Par ailleurs, l'article 5 de la loi stipule que les opérateurs économiques assurant une activité de recherche-développement peuvent bénéficier de crédits du budget national de la recherche scientifique et du développement technologique. La nouvelle loi propose, en matière d'organisation, de recomposer le Conseil national de l'évaluation et de renforcer les missions des agences thématiques de recherche aux travaux de programmation et d'évaluation des activités de recherche. Une évaluation périodique des activités de recherche scientifique sera, en vertu de ce projet de loi, effectuée dans un cadre collectif. Le projet de loi propose la mise en place de la conférence nationale des établissements de recherche comme cadre de concertation, de coordination et d'évaluation en vue de renforcer le dispositif institutionnel de la recherche. En matière de ressources humaines, la loi insiste sur la nécessité d'accroître les effectifs de la recherche, de valoriser le potentiel scientifique humain et de capitaliser l'expérience acquise par les cadres techniques issus du secteur industriel. Elle préconise également l'utilisation optimale des chercheurs résidant en Algérie et la mise à contribution des compétences scientifiques algériennes en activité à l'étranger. Réformer d'abord l'université ? Pour les députés, le projet de loi est certes un grand pas en avant, mais ils estiment qu'il est loin de la réalité. Si pour certains élus, le chercheur doit en premier lieu disposer d'un environnement adéquat, pour d'autres, il n'y a pas lieu de parler de recherche scientifique et de développement technologique en Algérie. Pour Tahar Missoum, député indépendant Kasr El Boukahri, le temps n'est pas à la promulgation de textes de loi sur la recherche scientifique, il est plutôt à l'amélioration des conditions socioprofessionnelles des enseignants universitaires et de la communauté estudiantine. « Aucun effort n'a été fait dans ce sens, les rangs des étudiants ont certes été renforcés mais sans qu'il y ait d'avancée en termes de prise en charge pédagogique ou d'amélioration des programmes d'enseignement », souligne-t-il. « D'autres pratiques gangrènent cette institution, tels le plagiat et l'application du système des quotas pour l'accès au master », a-t-il déploré. Lyès Saâdi, député FLN, estime que l'octroi des bourses à l'étranger doit obéir à un seul critère, la compétence. Abondant dans le même sens, Hayat Tayati, députée FFS, estime que la recherche scientifique subit les conséquences des changements de tutelle qui ont déstabilisé le secteur. « La recherche scientifique est une simple activité sans portée économique et sociale. Le chercheur n'a jamais été perçu comme une source d'expertise », affirme-t-elle, avant de préciser que les compétences sont actuellement marginalisées et de ce fait la recherche scientifique est confiée à des personnes n'ayant aucun intérêt pour la recherche. Amira Slim, députée RND, insiste sur la nécessité de mettre un terme aux pratiques bureaucratiques auxquelles sont confrontés les enfants des diplomates poursuivant leurs études supérieures l'étranger. Elle plaide pour la reconnaissance des diplômes obtenus par les étudiants algériens à l'étranger.