Trois ans après son accession au pouvoir, la première visite du président chinois, Xin Jinping, aux Etats-Unis, effectuée les 24 et 25 septembre, a la particularité de signer la convergence du « rêve chinois » au cœur du vieux « rêve américain » pour impulser un nouveau modèle de relations sino-américaines « sans conflit, sans confrontation, épris de respect mutuel et de coopération bilatérale », plaidé par le leader chinois accueilli par son homologue Obama en grande pompe. Certes, les sujets qui fâchent ne manquent pas : le Tibet du dalaï lama annulant sa visite aux Etats-Unis prévue en octobre pour des « raisons de santé », la question de Taïwan, le cyber-espionnage, le statut des îles en Mer de Chine, les droits de l'homme, l'extradition des ressortissants chinois demandée par Pékin, mais l'esprit de concorde souffle sur une visite qui vaut également pour ses avancées dans d'autres domaines importants, comme le climat, la lutte contre l'espionnage électronique, l'éducation et la simplification du régime des visas pour les 200.000 étudiants chinois aux Etats-Unis et les 5.000 stagiaires américains en Chine. à Seattle, deux jours durant, le président chinois, qui a promis de faire « toujours plus » en matière d'ouverture au monde, a tenté de rassurer sur les perspectives de relance de l'économie à bout de souffle. « Je suis confiant pour l'avenir : la Chine va sûrement, pour tout le monde, pour chacun d'entre nous, apporter une croissance saine qui consolidera la confiance », a-t-il affirmé. Tout en empruntant au 16e président américain, Abraham Lincoln, la belle formule qui veut que « la meilleure façon de prédire le futur est de le façonner », Xi Jinping a appelé de ses vœux « un nouveau chapitre historique dans les relations Chine-Etats-Unis ». Coup de semonce : la présence en force de grandes entreprises américaines de la côte ouest. A Seattle, le PDG d'Apple, Tim Cook, le fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg et le patron du studio DreamWorks Animation, Jeffrey Katzenberg, étaient conviés à la table présidentielle. Autre motif de satisfaction : l'engagement de Barack Obama et de Xi Jinping d'avancer ensemble sur le dossier sensible du climat. De ce fait, la Chine s'est engagée à mettre en place, en 2017, un marché national de quotas de CO2 visant à donner un prix au carbone et ainsi encourager les réductions d'émissions de gaz à effet de serre dans le secteur industriel. Dans un tel marché, chaque entreprise industrielle dispose d'un « quota d'émissions » qui permet à celles qui optent pour des technologies vertes de vendre leur part et sanctionnent les plus polluantes à travers l'achat de quotas supplémentaires. Pékin s'est aussi engagé à débloquer 3,1 milliards de dollars pour aider les pays en développement à lutter contre le changement climatique. Ce fonds de coopération Sud-Sud permettra, également, d'améliorer la capacité des pays à accéder au fonds vert pour le climat, selon une déclaration présidentielle sino-américaine sur le changement climatique. A l'approche de la conférence de Paris où les représentants de 195 pays doivent se retrouver en décembre pour conclure un accord mondial pour enrayer la hausse des températures, la démarche des deux géants économiques, mais aussi les deux plus grands pollueurs de la planète, pourrait donner une impulsion cruciale aux négociations. L'initiative a été fortement saluée par le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, estimant que les décisions sino-américaines « renforcent les chances d'un accord mondial significatif ».