Les présidents des deux grandes puissances américaine, Barack Obama et chinoise, Xi Jinping, dans leur nouveau rendez-vous à Washington Réception dans les jardins de la Maison-Blanche, hymnes, salve de 21 coups de canon: le président Barack Obama accueillait hier son homologue chinois Xi Jinping avec les honneurs, sur fond de tensions entre les deux grandes puissances. Cette première visite du dirigeant chinois à Washington depuis son arrivée au pouvoir intervient au moment où l'économie chinoise montre de réels signes de fébrilité. Et si les sujets de discorde - piratage informatique en tête - sont nombreux, l'exécutif américain espère afficher une collaboration «constructive» sur au moins un sujet: la lutte contre le changement climatique. Selon un responsable américain, la Chine devait notamment annoncer hier la mise en place en 2017 d'un marché de quotas de CO2 visant à donner un prix au carbone et ainsi encourager les réductions d'émissions de gaz à effet de serre dans le secteur industriel. Le principal pollueur de la planète a déjà mené des expériences pilotes mais n'a pas encore établi de marché à l'échelle nationale. Lors de leur rencontre en novembre 2014 à Pékin, MM.Obama et Xi avaient annoncé un accord inédit dans lequel ils présentaient leurs objectifs en termes d'émissions de gaz à effet de serre: réduction de 26% à 28% d'ici 2025 par rapport à 2005 pour les Etats-Unis, «pic» à l'horizon 2030 pour la Chine. «L'annonce de l'an dernier portait sur les objectifs. Cette année, nous montrons notre détermination à mettre en place les politiques pour les atteindre afin d'aboutir à un accord mondial sur le climat» à Paris en décembre, a résumé un responsable américain. M.Obama a accueilli jeudi soir à Washington son homologue pour un dîner informel à Blair House, résidence officielle des hôtes de marque du gouvernement américain. «Les discussions les plus constructives entre les deux dirigeants ont eu lieu lors de dîners en petit comité», souligne Ben Rhodes, proche conseiller de M.Obama, qui y voit l'occasion pour ces derniers de confronter leurs «visions du monde» respectives. La journée d'hier devait être marquée par plus de formalisme. Après une cérémonie sur les pelouses de la Maison Blanche, les dirigeants se retrouveront face-à-face dans le Bureau ovale, avant une conférence de presse commune. Au-delà des séances de travail, Barack et Michelle Obama accueilleront M. Xi et sa femme, Peng Liyuan, ex-cantatrice, pour un dîner d'Etat en présence de nombreux invités. L'exécutif américain a promis des discussions «franches» avec le président chinois qui, durant deux jours à Seattle (nord-ouest), a vanté les liens commerciaux entre les deux pays et souligné sa volonté d'ouvrir «toujours plus» la Chine au monde. Inquiétudes sur l'attitude de Pékin en mer de Chine ou son rôle dans les cyberattaques dont ont été victimes des entreprises ou institutions américaines: les sujets de discorde entre les deux pays sont réels. Au point que M.Xi avait plaidé mardi pour «un nouveau modèle de relations» entre Pékin et Washington, avec «plus de compréhension et de confiance, et moins de distance et de méfiance», avertissant qu'une confrontation pourrait déboucher sur «un désastre pour les deux pays et le monde». Dans un éditorial, le Washington Post a appelé le président américain à durcir le ton. Rappelant que M.Xi était le seul président d'un pays présumé non démocratique à avoir l'honneur d'une visite d'Etat sous l'administration Obama, le quotidien déplore que, depuis deux ans, les protestations américaines aient été «ignorées par les dirigeants chinois». «Le véritable défi et la question la plus difficile que cette administration reporte est: si la Chine poursuit dans la même voie (...) à partir de quel moment les Etats-Unis devront-ils envisager de prendre des mesures», souligne de son côté Michael Green, du Center for Strategic and International Studies (CSIS). Pour Susan Rice, conseillère à la sécurité nationale de M.Obama, si les inquiétudes américaines sont réelles, elles ne doivent pas empêcher la recherche d'une relation constructive avec la Chine. «Nous avons fait preuve de fermeté avec la Chine sur nos désaccords mais nous rejetons les raisonnements réducteurs et les arguments paresseux consistant à dire que le conflit entre les Etats-Unis et le Chine est inévitable», a-t-elle avancé avant l'arrivée du président Xi dans la capitale fédérale.