Les président Xi et Obama qui se sont rencontrés l'an dernier à Pékin se retrouvent à nouveau à Washington (Archives) Le président chinois Xi Jinping entamera mardi sa première visite d'Etat aux Etats-Unis, dominée par une rencontre attendue avec son homologue Barack Obama. Cette visite intervient au moment ou la santé économique du géant asiatique suscite des inquiétudes de même que ses ambitions de puissance rivale de Washington. Dans la capitale américaine, c'est un président chinois apparemment solidement installé aux commandes depuis trois ans - et pour sept ans de plus, en principe - qui rencontrera un Barack Obama en fin de mandat et n'ayant donc plus grand chose à perdre. Un déséquilibre qui fait dire à nombre d'observateurs que le sommet entre les deux hommes les plus puissants de la planète s'annonce délicat, voire tendu, sur les questions qui les divisent ouvertement, géopolitique en Asie et cybersécurité notamment. A l'heure où l'économie chinoise, locomotive mondiale, s'essouffle et inquiète des marchés qu'elle a même affolés cet été, Xi Jinping cherchera à rassurer en rencontrant mardi et mercredi, avant Barack Obama vendredi, un parterre de grands patrons américains à Seattle, siège de Boeing et Microsoft. Une centaine d'entre eux, dont Mark Zuckerberg (Facebook), Tim Cook (Apple) ou le magnat des affaires Warren Buffett, viennent ainsi d'appeler les deux présidents à bâtir une relation «durable» et à s'entendre sur un traité d'investissements bilatéral de «haute qualité» qui aurait un «impact immédiat et tangible sur les économies» des deux pays, étroitement imbriquées. Un appel qui répond en particulier aux craintes de voir les accents nationalistes du président Xi - promoteur du «rêve chinois» de puissance retrouvée - se traduire par un protectionnisme accru, sous couvert de lois sur la sécurité nationale qui excluraient les investisseurs étrangers. Xi Jinping a assuré jeudi devant une délégation d'hommes d'affaires américains qu'il était prêt à «un échange approfondi de vues» avec Barack Obama, afin de bâtir «un nouveau modèle de relations entre grand pays». Si un récent sondage a montré qu'une majorité (54%) d'Américains avaient une opinion défavorable de la Chine, Xi Jinping sera peut-être aidé dans la reconquête de cette opinion par son épouse, l'ex-cantatrice Peng Liyuan, qui apportera une touche de «glamour» inédite chez les présidents chinois, lors du dîner d'Etat à la Maison Blanche vendredi. En attendant, à côté d'une coopération attendue sur le climat pour la conférence de Paris en décembre, Barack Obama a prévenu que les cyber-attaques de la Chine n'étaient «pas acceptables» et qu'il le dirait à Xi Jinping. Sur fond de menaces de sanctions après le piratage des données de millions de fonctionnaires américains, attribué à la Chine par plusieurs médias américain. Pékin, qui dément régulièrement ces accusations, renvoi la balle en invoquant l'espionnage américain à grande échelle. Pour Carl Baker, du «think tank» d'Honolulu Pacific Forom CSIS, malgré les doutes sur l'économie chinoise, Xi Jinping arrive «en position de force vis-à-vis d'Obama, tout simplement parce qu'Obama est sur le départ» avant les élections de 2016. «Et Xi Jinping, lui, est certain d'être encore là pour quelque temps». A plus long terme, c'est sur les mers que la rivalité entre les deux riverains du Pacifique -chasse gardée traditionnelle de la VIIè Flotte américaine - semble s'aiguiser, le président chinois affirmant clairement l'ambition de la Chine de devenir une «puissance maritime». Mais c'est à la demande des Etats-Unis que la Chine joue «un rôle accru dans les relations internationales», relevait récemment Ruan Zongze, vice-président de l'Institut chinois d'études internationales. Et, paradoxe, «beaucoup d'Américains voient la Chine comme une source de problèmes quand elle devient plus forte», soulignait-il. Couronnement symbolique du président chinois, le spectaculaire défilé militaire à Pékin du 3 septembre a ainsi vu en vedette la présentation du nouveau missile chinois «tueur de porte-avions». Un souci de plus pour le Pentagone, qui suit de près l'avancée des travaux de construction de pistes aériennes en mer de Chine méridionale, revendiquée dans sa quasi-totalité par Pékin au grand dam de ses voisins, alliés de Washington la plupart.