La joie était, hier, grande chez les 469 Nigériens rencontrés, au centre de l'Agence nationale d'animation et de loisirs des jeunes (Analj) de Zéralda. Ils vont rejoindre Tamanrasset. Ils seront convoyés à bord de bus flambant neufs, affrétés par le Croissant-Rouge algérien. Ensuite, les autorités nigériennes prendront le relais pour qu'ils rejoignent leur pays. Ces Nigériens vont ainsi rompre avec un quotidien dur et difficile. Ils ne seront plus réduits à mendier, en traînant des enfants en bas âge. Ils ont fui la sécheresse et le chômage. Les autorités algériennes ont décidé de les rassembler au centre de l'Analj de Zéralda. Durant trois jours, les bénévoles du Croissant-Rouge algérien, aidés par les forces de l'ordre, ont rassemblé 469 personnes. Nourries et logées, elles étaient contentes d'entrevoir le bout du tunnel. Les enfants, les femmes et les handicapés furent les premiers à monter dans les bus pour un périple de plus de 2.000 km. La première halte est prévue à Hassi F'Hel, près de Ghardaïa, lieu de convergence des bus transportant d'autres réfugiés nigériens. Ceux-là seront acheminés depuis d'autres wilayas (Oran, Bejaïa, Tizi Ouzou et Batna). Cette opération chapeautée par le CRA, les ministères de la Solidarité, des Transports, de la Santé et les forces de l'ordre s'est déroulée sans heurts. Le secrétaire général du CRA, Abderahmane Ayadi, a insisté sur le respect de la dignité humaine et les droits de l'Homme en pareil cas. « Notre travail doit être humanitaire sans distinction de race ou de couleur », a-t-il confié. Les bénévoles du CRA et les psychologues du ministère de la Solidarité ont insisté sur cet aspect et sont conscients de la fragilité de ces réfugiés. Ils sont là, disent-ils, « pour apporter surtout joie et réconfort aux enfants et aux adultes qui ont quitté leur pays pour une raison ou une autre ». Le problème de la communication se pose certes. Aucun des Nigériens ne s'exprime en arabe ou en français. Toutefois, il suffit d'un sourire pour dissiper toute méfiance. En voyant les forces de l'ordre, beaucoup d'entre eux craignaient d'être embarqués. Au centre, ils furent vite réconfortés. Ils se sont montrés satisfaits des conditions d'accueil et de séjour durant les trois nuits passées au centre de l'Analj. amitié et solidarité Le CRA n'est pas à sa première opération de rapatriement de populations subsahariennes. En 2014, pas moins de 700 personnes avaient été raccompagnées à la frontière algéro-nigérienne. Beaucoup d'entre elles sont retournées, chassées par les dures conditions de vie et l'absence de perspectives. La situation des enfants non scolarisés, des femmes enceintes, des personnes âgées et des handicapés a interpellé les consciences. Il fallait faire quelque chose pour trouver une solution définitive. Avec la collaboration de plusieurs secteurs, des efforts ont été déployés. Il s'agissait de trouver un terrain d'entente pour mieux prendre en charge les expatriés, organiser leur départ dans de bonnes conditions. Pour cela, 12 bus ont été affrétés par le CRA. A leur bord, un bénévole du CRA et un psychologue dépêché par le secteur de la Solidarité nationale. Un camion, chargé de nourriture sous forme de kits contenant du pain, des boîtes de conserve, du jus, une banane et des bouteilles d'eau minérale, suit la procession. Même les couches-bébé ne sont pas oubliées. Un lien d'amitié et de solidarité s'est tissé entre les personnes en charge de cette opération et les Nigériens. Les menus problèmes, comme ceux liés au choix des sièges, ont été réglés grâce à la compréhension des uns et l'amabilité des autres. Une fois le dernier Nigérien appelé à rejoindre le bus, le top départ a été donné. Un sentiment de satisfaction se lit sur le visage des bénévoles restés sur place. « C'était laborieux et difficile », nous avouera une volontaire. « Ce jour devait pourtant arriver. Les enfants non scolarisés posaient vraiment problème et eux-mêmes, ont souhaité regagner leur pays », nous a-t-elle confié.