Anthologie de la culture populaire algérienne, Mohamed Mahboub Stambouli est resté, sa vie durant, « humble et réservé » n'ayant d'autres obsessions que la créativité et la perfection, ont témoigné, à Médéa, des proches de l'auteur du célèbre chant patriotique « Min Djibalina ». Un « éternel insatisfait, très critique vis-à-vis de ce qu'il accomplissait, pensant toujours pouvoir faire mieux et plus », témoigne son fils, Nadjib, journaliste, en marge d'une rencontre sur le parcours de son paternel, organisée à la maison de la culture Hassan-El Hassani. Affirmant garder l'image d'un « infatigable créateur, en quête permanente de perfection », son fils cadet évoque, avec beaucoup de fierté, les souvenirs de ce père qui, à l'âge de 55 ans, va trouver encore du temps pour se documenter et peaufiner ses connaissances en matière d'art dramatique, transcendant ce sentiment de « suffisance » qui prime chez beaucoup d'hommes de culture, d'artistes et de comédiens qui pensent avoir atteint « les cimes de la gloire », dès la première consécration publique. Mahboub Stambouli « aimait travailler et jouer à l'ombre », loin des lumières des projecteurs ou des crépitements des appareils photo. Il avait opté pour le « retrait et l'humilité », affirme son fils, estimant qu'il s'agit d'un choix personnel, car tout artiste ou homme de culture aspire à la renommée et la célébrité, cherche une audition auprès du public, mais ce n'était jamais le cas de Stambouli, le père. L'œuvre monumentale qu'il a réalisée, durant plus d'un demi-siècle, n'a pas altéré ce « choix », au contraire, son « anonymat le stimulera dans sa quête perpétuelle de perfectionnement et de créativité », selon Nadjib qui pense que cette retraite à été bénéfique plus à la culture algérienne qu'à l'homme qui a mis toute sa vie au service de l'art. Autre singularité de ce pilier de la culture algérienne, sa réussite à trouver le parfait équilibre entre la religion et l'art, en parvenant, à travers ses œuvres, à « trouver le juste milieu » entre deux domaines jugés incompatibles, mais qu'il a su « réduire les oppositions et les faire fusionner » grâce à l'éducation religieuse qu'il avait acquise auprès de son père, Mufti à Médéa, au début du siècle dernier. Le père de « Min Djibalina », célèbre chant patriotique qu'entonnaient les valeureux combattants de la Révolution de novembre 54, a permis l'éclosion de grands comédiens dont il avait « reconnu en eux la graine de réussite », tels les inégalables Hassan-El-Hassani et Rouiched. Cela lui a permis aussi de se propulser au sommet de la gloire grâce à « son flair » et l'expérience acquise sur les planches du temps où il dirigeait sa troupe théâtrale Rédha-Bey, pépinière de talents et de comédiens émérites.