à Bruxelles, réunis en urgence, les 28 pays de l'Alliance atlantique ont rejeté la thèse russe invoquant un « accident » dû aux mauvaises conditions climatiques pour dénoncer « un comportement irresponsable » et les incursions jugées « extrêmement dangereuses ». La sortie musclée du patron de l'Otan pose la problématique de l'interventionnisme, érigée en ligne de conduite par l'Occident tout autant coupable des dérives chaotiques dramatiquement vécues notamment en Irak, en Libye et en Syrie. Outre les deux coalitions censées traquer Daech en Irak et en Syrie, jusque-là sans résultat probant, les incohérences de la stratégie occidentale sont clairement exprimées par la France, lancée unilatéralement dans des frappes aériennes et oscillant entre le combat contre « Daech et rien que Daech » proclamé par le président Hollande et la lutte contre les « autres groupes terroristes, y compris le Front Nosra » pleinement revendiquée par son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, plus proche de la position de la Russie. Dans ce théâtre d'ombre, occultant les causes profondes des crises au Moyen-Orient, l'appréciation de l'ONU est plus objective. Elle a estimé que la présence, dans le ciel syrien, d'avions militaires de différents pays « crée une situation pleine de dangers et très délicate ». Mais, le chamboulement des plans de bataille de l'Occident a imposé le retour à l'union sacrée révélée par la main tendue de l'Otan à la Turquie criant à la violation de son espace aérien et mobilisée pour la création d'une zone tampon à la frontière syro-turque. Pour la seconde fois en deux jours, Ankara a convoqué l'ambassadeur de Russie pour « protester fermement » après un premier incident survenu samedi dernier à la frontière syrienne, lorsque des F-16 turcs avaient intercepté un chasseur de l'armée de l'air russe, un MiG-29, et l'avaient forcé à faire demi-tour. La Turquie, qui a averti que la Russie « serait tenue responsable » en cas de récidive, a menacé d'agir conformément à ses règles d'engagement militaire. Dans ce climat de dégradation des relations turco-russes et de tensions accrues, le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, souffle le chaud. Du Chili, il a affirmé que, en représailles, les avions de combat russes auraient pu être abattus. Alors que le bras de fer s'intensifie entre l'Otan et la Russie, Moscou n'entend pas lâcher prise. Déclenchée le 30 septembre dernier, l'offensive russe ne connaît pas de répit. Des frappes aériennes ont ciblé, ces dernières 24 heures, 9 position de Daech et, majoritairement les autres groupes, notamment le Front Nosra. Selon le ministère de la Défense, les frappes visent à « désorganiser la chaîne de commandement et à endommager la logistique des terroristes ». L'aviation russe a frappé à Rastane et Talbissé dans la province de Homs, à Beit Mneineh et Jabal al-Qobbé dans la province de Lattaquié, et à Jisr al-Choughour dans celle d'Idleb une localité clé sur la route menant à la province de Lattaquié, sous le contrôle de « l'Armée de la conquête », qui regroupe le Front Nosra et des groupes islamistes. La guerre russe contre Daech et tous les groupes terroristes met à mal les alliés de l'Occident appelant à la cessation des attaques contre « l'opposition syrienne et les civils ».