L'engagement russe en Syrie est pour le moment payant. Près de 3000 extrémistes appartenant au groupe terroriste autoproclamé Etat islamique, au Front Al Nosra et à Jaish Al Yarmouk ont déjà fui le pays. L'intervention russe en Syrie s'est poursuivie sans relâche depuis mercredi dernier, premier jour des opérations. Moscou est déterminé à mener la guerre contre le groupe terroriste autoproclamé Etat islamique (EI/Daech) jusqu'à la victoire. Les responsables russes ont annoncé hier avoir mené ces dernières 24 heures des frappes aériennes sur neuf cibles. Les bombardements des positions de l'organisation terroriste pourraient même se poursuivre sur le territoire irakien. C'est du moins ce que rapporte la presse russe. «La Russie prête à des opérations de bombardement en Irak aussi», a titré hier la Nezavissimaïa Gazeta. Le quotidien fait cette déduction à partir des déclarations du général russe Andreï Kartapolov, qui a notamment déclaré : «Non seulement nous poursuivrons nos bombardements, mais nous allons les intensifier.» Un directeur de département au ministère des Affaires étrangères, Ilia Rogatchev, a affirmé que la Russie pourrait bombarder les terroristes sur le territoire irakien, si l'Irak le demandait à Moscou. Théoriquement, les autorités irakiennes ne devraient pas s'opposer au souhait russe, puisque le 3 octobre, toujours selon le titre, le Premier ministre irakien, Haïder Al-Abadi, a affirmé qu'il ne voyait «aucun problème à ce que la Russie bombarde Daech en Irak si les opérations sont coordonnées avec nous». Des députés irakiens estiment que «les Russes sont plus sérieux que Washington contre Daech». Et contrairement à ce qu'à déclaré hier à Madrid le secrétaire à la Défense américain, Ashton Carter, qui pense que les frappes russes en Syrie relèvent d'une «stratégie perdante», l'engagement russe dans la région est pour le moment payant, puisque près de 3000 extrémistes appartenant à l'EI, au Front Al Nosra et à Jaish Al Yarmouk ont déjà fui le pays. De son côté, l'armée syrienne a beaucoup progressé ces derniers jours. Des médias russes, citant une source militaire, ont rapporté hier que, dimanche dernier, les forces fidèles au gouvernement syrien ont attaqué les extrémistes de l'EI et du Front Al Nosra dans la zone de Damas, ainsi que dans les provinces de Deir ez-Zor et de Homs, éliminant plus de 170 terroristes. Froid entre Moscou et Ankara Ces offensives n'ont été possibles que parce que les frappes aériennes russes ont justement fait reculer les terroristes. «Au moins 3000 éléments de l'EI, du Front Al Nosra et de Jaish Al Yarmouk ont fui en Jordanie redoutant la progression de l'armée sur tous les fronts», a fait savoir la même source. L'armée gouvernementale cherche, notamment, ajoute-t-on, à repousser les terroristes des banlieues de Damas, d'où ils effectuent des tirs de mortier et de roquettes sur les quartiers centraux de la capitale syrienne. Le succès des frappes russes intervient au moment où s'est installé un climat de tension entre Moscou et Ankara. La cause ? Deux incidents aériens à la frontière syro-turque. La Turquie a annoncé que des F-16 turcs avaient intercepté, samedi, un chasseur de l'armée de l'air russe et l'avaient forcé à faire demi-tour. L'armée turque a indiqué, par ailleurs, que deux chasseurs turcs avaient été «harcelés» dimanche lors d'une mission de patrouille par un MIG-29 non identifié à la hauteur de la frontière syrienne. Le Premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, a prévenu que son pays activerait ses règles d'engagement si son espace aérien était violé. Il a cependant précisé que «le dossier syrien ne constitue pas une crise entre la Turquie et la Russie» qui ont d'importants intérêts commerciaux. «Nos canaux du dialogue restent ouverts», a-t-il souligné. Bref, pour les Turcs, le business passe visiblement bien avant le dossier syrien. Un dossier dans lequel Ankara tarde à voir le résultat de son investissement militaro-politique.