Malgré la baisse de près 50% des revenus tirés des hydrocarbures, l'Algérie persévérera dans sa politique des transferts sociaux qui touchent plus de 20% de son budget. Ces dépenses qui ont un caractère social vont principalement à la subvention de produits de consommation (céréales, lait, sucre et huile), au soutien aux ménages, à la santé publique et à l'amélioration du niveau de vie. Ce type de dépense sera même en hausse de 7,5%, pour atteindre 23% du budget de l'Etat pour l'année 2016. Pas plus que ne sont remis en question les grands projets en matière d'investissement public qui engrangeront près de 40% du budget de l'Etat. Le Conseil des ministres qui s'est tenu mardi a fixé le cap définitif de ses orientations en adoptant la loi de finances pour 2016. Cependant, la gravité de la conjoncture financière du pays induite par la crise du baril de pétrole est soulignée. Si le bas de laine permet de traverser cette zone de turbulences avec moins de douleur, l'accent a été mis sur l'impératif qu'il y a à mettre sur les rails une économie productive de richesse et d'emploi. Les nombreuses facilités accordées au monde de l'entreprise en matière fiscale et foncière dont est porteuse la loi de finances participent de cet objectif stratégique devant aboutir à réduire la dépendance accrue aux hydrocarbures. Il y a forcément des efforts à faire en l'espèce. En plus de la restructuration du système économique national, le gouvernement est invité par le président Bouteflika à sensibiliser la population sur la conjoncture et la nature des efforts à faire pour recueillir son adhésion. « C'est grâce à une parfaite compréhension de la situation que notre peuple adhérera aux efforts nécessaires pour préserver l'indépendance de décision économique du pays, laquelle est indispensable à la poursuite d'une politique conforme à nos valeurs de justice sociale réelle et de solidarité nationale effective », a-t-il notamment souligné. Cela ira de pair avec la rationalisation des dépenses publiques, la lutte contre le gaspillage et toute forme d'atteinte aux richesses nationales dont la corruption. Alors que l'ambition de la relance économique réside dans ce taux de croissance de 4,6% fixé pour l'année qui vient. Et les mesures prises pour améliorer le rendement de la fiscalité ordinaire garantiront un relèvement des recettes budgétaires de l'ordre de 4,1%. A l'international, la LF 2016 prévoit d'abroger certaines règles contraignantes pour améliorer l'attractivité du marché de l'investissement partenarial avec les entreprises étrangères. Il en est ainsi de l'exigence de bilans excédentaires en devises pour les investisseurs étrangers, de sorte à encourager les partenariats, de l'obligation faite à ces mêmes investissements réalisés avant 2009, de se soumettre à la règle de la majorité nationale (51/49%) en cas de changement du registre du commerce, et de l'obligation de financement local de l'apport de l'investisseur étranger. Le droit de préemption exercé par l'Etat est également assoupli en cas de cession à l'étranger, par un investisseur, de ses actions dans un projet localisé en Algérie. Il est attendu des acteurs économiques nationaux ou partenaires, en contrepartie de cette batterie de mesures d'encouragement, qu'ils produisent et participent activement à la réduction de la facture d'importation, à l'origine d'un déficit commercial qui va s'aggravant. Allier justice sociale, ambitions économiques et rigueur budgétaire, tels sont les enjeux qui s'imposent au gouvernement.