Les relations politiques et économiques entre l'Algérie et le Soudan, qui ont évolué en dents de scie dans les années 90, sont en train de connaître un regain d'intérêt de la part des deux capitales. Une nouvelle impulsion qui compensera le manque à gagner surtout en cette conjoncture de crise qui traverse de part en part le monde arabe. La visite de trois jours qu'entreprend le président soudanais Omar Hassan El-Bechir illustre cette volonté partagée de hisser les rapports bilatéraux au niveau de ce qui devrait être les leurs au vu des paramètres naturels de rapprochement. L'enjeu de la sécurité et de la paix n'est pas des moindres dans la quête de la coopération multiforme. D'ailleurs, le communiqué de la présidence de la République, qui a fait état de cette visite, fait la part belle à cette dimension internationale du dialogue entre les deux pays. « Cette visite sera l'occasion pour les deux chefs d'Etat d'échanger leurs vues sur des questions régionales et internationales d'intérêt commun, notamment les enjeux auxquels est confrontée la nation arabe pour la consolidation de son unité et l'affirmation de ses droits, ainsi que la préservation de la paix et de la sécurité en Afrique », y lit-on. Le président soudanais projette l'avenir de son pays dans une perspective de coopération bilatérale féconde. Il s'est entretenu au deuxième jour de sa visite avec le Premier ministre Abdelmalek Sellal qui était accompagné d'une délégation ministérielle étoffée dont ceux en charge de la coopération économique à l'image du ministre de l'Industrie et des Mines, de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche. Les entretiens entre les chefs de la diplomatie des deux pays, Ramtane Lamamra et Ibrahim Ahmed Ghandour, se sont certes focalisés sur les questions internationales mais ils ont aussi défini les enjeux liés à la coopération économique et commerciale. La tenue du forum d'affaires, qui regroupe, au même moment, des opérateurs économiques et des responsables gouvernementaux des deux pays, donne un contenu concret aux déclarations d'intention. Il faut s'attendre à ce que la rencontre se solde par la signature d'accords de partenariat et d'investissement. Dans une déclaration à la presse, Ghandour a indiqué avoir évoqué, lors de l'entretien, les relations bilatérales et les questions régionales qui intéressent le continent africain et la région arabe. Les vues ont convergé. La situation en Libye, entre autres, recueille, en effet, l'adhésion pour une solution politique qui mette un terme à la confusion générale. Il en est de même pour la crise malienne en passe de connaître son épilogue grâce aux efforts de médiation de la communauté internationale. Le Soudan apprécie à juste titre l'engagement de l'Algérie dans le rapprochement des belligérants autour du rétablissement de la paix grâce à un dialogue inclusif. Au titre du partenariat, le secteur agricole semble émerger des projets éligibles à une dense coopération. Le Soudan, pays à vocation agricole, a l'ambition de contribuer à répondre aux besoins des pays arabes. Une stature qu'il veut prendre en associant l'Algérie.