Le 22 octobre est la journée nationale de la presse. L'initiative est du président Bouteflika qui a choisi en 2013, à l'occasion de la journée mondiale de la presse, le 3 mai, la date symbolique du 22 octobre correspondant à la parution du premier numéro du journal El-Mouqawama El-Djazairia (La résistance algérienne), organe du FLN et de l'ALN, pour décréter la décision. Il l'a fait « eu égard au message et au rôle efficient du secteur dans le passé et présentement ». Le chef de l'Etat avait alors réaffirmé « l'engagement de l'Etat à doter la presse nationale et le secteur de l'information de mécanismes juridiques et de différentes formes de soutien à même de lui permettre de s'acquitter de ses nobles missions sans restriction à sa liberté afin qu'elle puisse accéder à la place de choix qui lui revient dans le monde de l'information et du savoir ». Au-delà de la symbolique, la célébration de cette journée devrait constituer l'opportunité pour la corporation de s'interroger sur la situation des médias, leur degré d'indépendance par rapport aux chapelles politiques et financières et de leur compétence professionnelle. Car la crédibilité des organes d'information écrits ou audiovisuels se mesure à l'aune de leur émancipation des facteurs de pression. La problématique soulève une question sous-jacente relative à l'éthique. Inutile de s'appesantir sur le rôle de la presse dans la promotion de la démocratie. Elle en est, à la fois, le stimulus et le reflet. Son importance dans l'espace public en tant que lieu d'expression de la pluralité des opinions et de la compétition politique est universellement admise. La mission se double d'une dimension pédagogique en informant la population sur l'état du développement du pays, son rythme de vie, ses succès et ses travers. Personne ne s'avisera à contester cette stature. Elle n'est pas sans lien avec la crédibilité des supports et la qualité de l'information dispensée. Le foisonnement des titres en Algérie est un signe de vitalité du secteur. Mais c'est l'arbre qui cache la forêt car en matière de professionnalisation, il y a fort à faire. L'accès aux sources demeure problématique. L'éthique est son talon d'Achille. La nouvelle loi organique de janvier 2012 prévoit d'en améliorer l'édifice en dotant le secteur de la communication d'organes de régulation qui lui font défaut. Une autorité de régulation a déjà vu le jour, celle de l'audiovisuel. Elle a du pain sur la planche avec de nouvelles chaînes de télévision qui naviguent à vue, à la recherche éperdue d'audimat. L'épisode d'El-Watan TV est à ce titre fort édifiant. Une autre qui régulera la presse écrite verra bientôt le jour, une fois le processus d'organisation des professionnels parachevé. La loi prévoit aussi un conseil de déontologie. Des instruments qui seront mis progressivement en place pour mieux conforter la presse dans le paysage public. Lesquels sont censés devoir renforcer la liberté d'exercer la profession. Il est d'autant crucial que le processus aboutisse que les médias, tous supports confondus, sont l'objet de tentatives de manipulation. D'où l'importance des organes de régulation pour rappeler les règles éthiques ou déontologiques à respecter. Sous peine de déconsidération. La vocation première des organes de presse est d'informer. Objectivement. Eclairer, ensuite, l'opinion sur les enjeux d'une actualité donnée. L'avenir de la démocratie en dépend.