Les Tanzaniens ont voté, hier, pour élire leur président, leurs députés et leurs conseillers municipaux lors d'un scrutin très serré dans le pays le plus peuplé d'Afrique de l'Est. C'est dans une atmosphère apaisée que le coup de starter à été donné dans l'archipel semi-autonome de Zanzibar, au large de l'Océan indien, qui élit son propre président et ses députés. Tôt à l'aube, de longues files d'électeurs se sont formées dans la capitale économique Dar es Salam, où les bureaux de vote ont ouvert, comme prévu, à 07h et fermeront à 16h. Les résultats définitifs devraient être connus dans trois ou quatre jours. Dans ces élections générales, les cinquièmes depuis l'instauration du multipartisme en 1992, les 23 millions de Tanzaniens, sur 52 millions d'habitants, vont choisir le successeur de l'actuel chef de l'Etat, Jakaya Kikwete, qui ne se représente pas, conformément à la Constitution, après avoir achevé son second mandat. L'enjeu porte sur la reconduction du parti Chama Cha Mapinduzi (CCM) au pouvoir, représenté par le candidat John Magufuli, ou une alternance revendiquée par les 8 autres challengers dont l'ex-Premier ministre, Edward Lowassa, qui a fait défection du CCM pour rejoindre la coalition d'opposition Ukawa. Le duel épique est placé sous le signe de l'incertitude véhiculée par la descente aux enfers du CCM miné par des dissensions et des scandales de corruption qui rendent le pari plus difficile pour le candidat du pouvoir, Magufuli, l'actuel ministre des Travaux publics, surnommé le « bulldozer ». Tout autant l'accusation de corruption pèse sur le candidat de l'opposition, l'ancien Premier ministre contraint de démissionner pour son implication dans des affaires de corruption remises sur le tapis par le président en exercice Jakaya Kikwete lors dernier meeting du CCM. Il l'a accusé d'être « corrompu et cupide » et de s'être approprié des terres illégalement quand il était ministre en charge de l'Aménagement du territoire. A couteaux tirés, la compétition nourrit des craintes sur les violences électorales. Des mesures drastiques ont été prises par le président Jakaya Kikwete qui a ordonné à la police de renforcer la sécurité pour garantir la régularité du scrutin. De leur côté, les candidats du pouvoir et de la coalition de l'opposition ont lancé des appels en faveur de la préservation de la paix et de l'unité nationale, tout en dénonçant le tribalisme, la violence religieuse et la corruption. Dans l'archipel de Zanzibar, le président Ali Mohamed Shein du CCM et le vice-président Seif Sharif Hamad, du Front civique uni, qui se partagent le pouvoir au sein d'un gouvernement de coalition, sont les favoris de l'élection présidentielle locale.