Tout le monde évoque un départ «paisible» et «digne» et des «conditions pour faciliter» son départ. Les trois émissaires la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) se sont de nouveau rendus hier à Abidjan pour une dernière médiation. Ils sont catégoriques. «Laurent Gbagbo doit partir ou être délogé», disent-ils. «Par la force si besoin et sans aucun compromis», précisent-ils. La Cédéao qui a mené mardi dernier une mission de bons offices après l'éclatement de la crise se prépare à une opération militaire si le président en exercice ne se décide pas à se retirer de son propre gré. L'organisation régionale que Jean Ping, le président de la Commission de l'Union africaine (UA), a mandatée pour assurer le suivi de la situation et résoudre la crise si possible «pacifiquement», précise qu'elle n'a accordé aucune contrepartie à Gbagbo. Même si tout le monde évoque un départ «paisible» et «digne» et des «conditions pour faciliter» son départ. Proclamé vainqueur par le Conseil constitutionnel avec 51,45% de voix, Gbagbo défie tout le monde. Dans son discours du Nouvel an, il a promis de ne pas céder aux pressions et à la «tentative de coup d'Etat menée sous la bannière de la communauté internationale». Ses partisans du mouvement des «Jeunes patriotes» ont décidé de surseoir à leur projet de «libérer à mains nues» le quartier général à Alassane Ouattara pour donner «une donner une chance aux négociations» tout en mettant en garde le camp de ce dernier qu'ils n'accepteront aucune déclaration qui pourrait menacer la vie du peuple ivoirien. Ouattara manœuvre. «Face à la volonté du peuple, il n'y a pas de concession possible», explique Guillaume Soro, son chef du gouvernement. «Le monde ne peut attendre de Gbagbo qu'il agisse dans l'intérêt de la démocratie ou qu'il prenne des décisions en faveur de son peuple», déclare Raila Odinga, le Premier ministre kenyan et émissaire de l'UA, ajoutant qu'il «faudra prendre une décision». Les Ivoiriens qui subissent le bras de fer qui oppose les deux camps depuis le deuxième tour retiennent leur souffle. Ils s'interrogent sur la nature des «décisions fermes» que pourrait leur annoncer aujourd'hui Goodluck Jonathan, le chef d'Etat nigérian et président en exercice de la Cédéao.