Relance n L'Afrique de l'Ouest mène ce lundi à Abidjan une nouvelle médiation pour sortir la Côte d'Ivoire d'une impasse meurtrière et éviter d'avoir à user de la force pour déloger Laurent Gbagbo de la présidence. Après un premier passage infructueux la semaine dernière, les présidents Boni Yayi (Bénin), Ernest Koroma (Sierra Leone) et Pedro Pires (Cap-Vert), mandatés par la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), sont de retour. Cinq semaines après le scrutin du 28 novembre, dont les résultats contestés ont créé une crise ayant déjà fait près de 200 morts selon l'ONU, les trois émissaires, accompagnés cette fois du Premier ministre kenyan, Raila Odinga, envoyé par l'Union africaine, sont attendus dans la matinée pour rencontrer Gbagbo et son rival Alassane Ouattara, reconnu chef d'Etat légitime par la communauté internationale. L'émissaire de l'UA a évoqué «une mission de protection de la démocratie et de la voix du peuple en Côte d'Ivoire». Comme l'Union africaine, la Cédéao (15 pays) a exigé le départ de Gbagbo. Elle a brandi la menace d'une opération militaire si le sortant refuse de se retirer et elle se prépare à une telle action, en «dernier recours», si la diplomatie ne donne rien. Le président en exercice de l'organisation ouest-africaine, le numéro un nigérian Goodluck Jonathan, a promis des décisions dès demain, mardi. Hier, dimanche, une rencontre a eu lieu, dans la soirée à Abuja, entre Goodluck et le médiateur de l'UA dans la crise ivoirienne, M. Odinga. «Nous avons parlé de la crise ivoirienne», a déclaré M. Odinga. «Je me rendrai à Abidjan demain (lundi) pour rencontrer les présidents (Laurent) Gbagbo et Alassane Quattara et reviendrai dans la soirée à Abuja pour rendre compte de ma mission au président Jonathan», a-t-il ajouté. La rencontre entre MM. Jonathan et Odinga s'est tenue à huis clos à la résidence du président nigérian à Abuja, ont indiqué des responsables. M. Odinga n'a pas donné plus de détails sur la conversation. La mission des médiateurs paraît quasi impossible, Gbagbo ayant fermement fait savoir qu'il n'entendait pas quitter le palais présidentiel, malgré l'intense pression extérieure. La situation est plus que jamais bloquée, entre ultimatums qui expirent sans conséquence et «Grands soirs» reportés. Les partisans de Gbagbo ont ajourné hier, dimanche, l'assaut «à mains nues» qu'ils entendaient lancer sur le quartier général de Ouattara. Mais un échec du dialogue pourrait replonger le pays dans les violences, affrontements inter-ivoiriens ou opération ouest-africaine. Cent soixante-dix-neuf personnes ont déjà été tuées depuis la mi-décembre, selon l'ONU, qui a pointé la responsabilité des forces pro-Gbagbo.