Avec la prestation de serment, ce mardi, des membres de l'Organe national de prévention et de lutte contre la corruption, créé en vertu du décret du 07 novembre 2010, c'est un pas de plus pour l'Algérie, dans sa lutte contre la corruption, un phénomène qui ne cesse de prendre de l'ampleur. C'est, en effet, une nouvelle étape qui vient couronner l'achèvement de tout un édifice mais aussi le discours des pouvoirs publics prônant le combat contre l'enrichissement sans cause, à partir des deniers publics et au détriment de la collectivité nationale. C'est le président de la République lui-même qui en fait le cheval de bataille des toutes les institutions de l'Etat, rappelant, à chaque occasion, plus particulièrement devant les magistrats, la nécessité d'éradiquer cette verrue qui gangrène la société, décourage les honnêtes entrepreneurs et fausse la transparence. Il ne fait pas de doute que l'ampleur des programmes publics, lancés ces derniers temps, est souvent- financièrement parlant- l'enjeu d'âpres luttes pour en accaparer les plus grands dividendes. On a eu beaucoup de cas d'espèces que la justice, à travers ses nouveaux pôles spécialisés a eu à traiter. Le phénomène est récurrent et dangereux à la fois, car il touche aussi à l'un des secteurs les plus sensibles, symbole de la souveraineté nationale, les hydrocarbures. C'est dire pourquoi parmi les mesures d'urgence, le Président a exigé dans sa directive l'installation «immédiate» de l'Organe national de prévention et de lutte contre la corruption. Celui-ci devra contribuer, selon lui, activement à la mise en œuvre d'une «politique de prévention sur le plan national et de coopération internationale en la matière». Il exigera, également, la création d'un office central de la répression de la corruption, en tant qu'outil opérationnel qui «mutualisera les efforts pour agir et riposter légalement aux actes criminels de corruption». Ces instruments peuvent s'appuyer sur le travail de plusieurs instances opérationnelles telles la cellule de traitement du renseignement financier, la Cour des comptes, l'Inspection générale des finances, la Banque d'Algérie… Le terrain a déjà été déblayé, il y a peu de temps, par la révision du code des marchés publics, qui implique, disent les responsables, «un contrôle renforcé sur les pratiques illégales», à l'image de la pratique abusive du gré à gré dans la conclusion des contrats. L'adoption des codes de déontologie dans les grandes entreprises, telles la Sonatrach ou la Sonelgaz, est elle aussi perçue comme une volonté d'aller de l'avant dans cette lutte. En attendant, les sept auront à mettre en œuvre la stratégie nationale de lutte contre la corruption et dresser un rapport annuel au président de la République sur l'état de la prévention de la corruption dans le pays. En plus, ils auront la charge d'élaborer les «politiques idoines pour endiguer le phénomène». Leur intervention sera renforcée, une fois installé, l'autre organe, l'Office central chargé d'enquêter sur les crimes liés à la corruption.