Il a même été irrité par la façon dont certains projets ont été menés et s'est montré insensible aux arguments que les responsables exécutifs ont tenté de lui exposer. Boudjemaâ Talaï a estimé, comme il l'exprimera lors d'un point de presse, que l'essentiel est dans le résultat. Or, des projets comme l'extension de la piste de l'aérogare Abane-Ramdane, de l'aménagement du port ou de l'échangeur au niveau de la gare routière, pour aider à réguler la circulation automobile, désormais infernale dans Bejaïa, peinent à être entamés ou à significativement progresser. Concernant l'aéroport, le projet consistait à lancer des études détaillées pour l'extension de la piste d'atterrissage sur 800 ml à gagner sur la mer, des travaux de remise à niveau du système d'assainissement et de drainage de cette infrastructure, de l'étude d'une extension du parking pour des avions de la taille d'un B737-800, soit trois nouvelles places, d'un taxiway sur 1.210 ml, et de l'aménagement et l'extension des structures d'accueil qui permettrait un flux de 2 millions de passagers par an. Même insatisfaction exprimée par le ministre lors de l'exposé du projet de dédoublement de la voie ferrée entre Bejaïa et Beni Mansour, qui a buté sur l'opposition des riverains expropriés et qui reste bloqué en attendant que le tracé de la voie soit optimisé pour réduire l'intensité de la contestation qui s'étend pratiquement sur 30% du tracé. Le ministre a reproché aux responsables de l'Anesrif en charge du projet de s'être appuyés sur une étude bâclée et qui, se cachant derrière le caractère d'utilité publique du projet, n'ont eu aucun respect pour la propriété privée ni se sont souciés de l'impact sur le tissu économique de la région. Forcés qu'ils sont aujourd'hui de trouver une issue en étudiant d'autres tracés possibles, le projet de dédoublement de la voie ferrée pâtit d'une accumulation de retards. Le projet ambitionnait pourtant de faire gagner du temps aux citoyens et agents économiques en proposant de réduire le temps de déplacement sur le trajet de 1h30 aujourd'hui à seulement 30 minutes, et de transporter 130.000 voyageurs/jour et 18.000 tonnes/j de marchandises. Lors du point de presse, le ministre, à propos de l'extension du port de Bejaïa, a eu ce commentaire lapidaire pour expliquer l'indécision dans laquelle s'est piégé ce projet : « On m'a présenté deux solutions et demie. » Bref, là encore, le ministre a renvoyé les responsables à leurs chères études et leur a suggéré de bien réfléchir d'abord à ce qu'ils veulent faire avant de demander des sous. Pour cette question de sous justement, Bejaïa doit faire son deuil de deux projets, celui du téléphérique qui devait relier la ville au mausolée de Yemma Gouraya et du tramway. Rigueur budgétaire oblige, ces projets sont différés.