Le Liban a observé, hier, une journée de deuil en hommage aux victimes du double attentat qui a frappé, jeudi dernier au soir, la banlieue de Bourj al-Barajneh, un fief du Hezbollah au sud de Beyrouth, tuant au moins 43 personnes et en blessant 239. Les établissements publics étaient fermés, les drapeaux en berne et les morts ont été enterrés dans un climat de grande tristesse. Dans un mode opératoire tout à fait nouveau au Liban, un premier kamikaze s'est fait exploser, provoquant un attroupement vers 18h, une heure de pointe, ont indiqué l'armée libanaise et des témoins. Cinq minutes plus tard, un deuxième kamikaze a déclenché sa ceinture d'explosifs. Un troisième kamikaze qui devait se faire exploser a été tué dans l'explosion de l'une des deux bombes. L'attaque a été revendiquée par le groupe Daech, en représailles à l'intervention du Hezbollah en Syrie, où le mouvement chiite soutient, depuis 2013, le président Bachar El Assad contre les groupes rebelles et extrémistes dont Daech. Les Libanais et la communauté internationale ont été unanimes à condamner cet attentat, le premier depuis une année dans un fief du Hezbollah et l'un des plus meurtriers depuis la fin de la guerre civile en 1990. « Nous condamnons cet acte lâche et appelons les Libanais à être conscients et unis face à ces plans qui visent à nous diviser », a dit le Premier ministre, Tammam Salam, jeudi dernier au soir, avant de déclarer une journée nationale de deuil. « Je prie que cette tragédie puisse réveiller les hommes politiques afin qu'ils puissent mettre leurs différences de côté dans le but de protéger le pays », a ajouté le chef de l'Exécutif au Liban sans président depuis mai 2014. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a évoqué un « acte méprisable », en souhaitant que les responsables de cet acte terroriste soient rapidement traduits en justice. Les Etats-Unis ont dénoncé des « actes terroristes horribles » qui ne font que « renforcer notre engagement à soutenir les institutions de l'Etat libanais, dont les services de sécurité, pour rendre possible un Liban stable, souverain et sûr », a indiqué dans un communiqué Ned Price, porte-parole du Conseil de sécurité nationale. En France, le président François Hollande a exprimé son « effroi » et son « indignation », dénonçant un « acte abject ». Beyrouth touché au cœur par la tragédie syrienne : une illustration parfaite de l'ignominie de Daech et du terrorisme international instrumentalisé pour imposer l'ordre de la terreur.