Nouvel attentat meurtrier à Beyrouth où l'atmosphère reste électrique depuis l'ouverture du procès de l'affaire Hariri à La Haye. Cinq personnes, dont 2 femmes, ont été tuées, 35 autres ont été blessées, hier, par un kamikaze qui s'est fait exploser dans une voiture piégée de type à Haret Hreik, une place forte du mouvement chiite dans la banlieue-sud de la capitale libanaise. Selon l'armée, trois obus de 120 et 130 mm, dont la charge est estimée à 15 kg de TNT, sont à l'origine de l'explosion. Cet attentat, sixième d'une série inaugurée en juillet dernier et troisième en moins d'un mois, a été revendiqué par al-Nosra, une branche du Front al-Nosra syrien lié à al-Qaïda. « Nous avons répondu aux massacres menés par le parti de l'Iran par une opération martyre dans son territoire des quartiers sud de Beyrouth », dit-il dans son communiqué. Comme l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL, ou Daech) et les différents groupes « takfiristes », il reproche au mouvement chiite libanais son engagement aux côtés du régime syrien dans la guerre contre les « rebelles » qualifiés par Damas de « terroristes ». Tammam Salam, le Premier ministre désigné, demande aux Libanais de faire preuve de conscience, sagesse et détermination » et de « renforcer le front interne » contre ceux qui « veulent porter atteinte à la stabilité, la paix civile et l'unité du pays ». Nagib Mikati, le Premier ministre démissionnaire, demande aux Libanais de « se réunir le plus vite possible autour d'une même table » s'ils veulent faire face aux dangers qui les entourent. Premier à répondre à ces appels : Saâd Hariri, le leader du Courant du Futur, parti membre de la coalition du 14-Mars. Contre toute attente, il annonce qu'il est disposé à diriger un gouvernement comprenant le Hezbollah. Précision de Hariri : ces ministres ne permettraient pas à leur mouvement d'avoir le droit de veto sur les décisions du gouvernement. Le président Michel Sleiman, qui a demandé à l'armée de se déployer, demande aux puissances étrangères d'épargner au Liban les retombées des conflits régionaux, conformément à la déclaration de Baabda. « Tout le pays est la cible d'attentats, pas seulement le Hezbollah. Le drame se déplace d'un secteur à un autre et n'épargne aucune région, confession et aucun rite », avertit Amine Gemayel, chef des Kataëb, appelant, comme plusieurs députés du Hezbollah, à la formation « le plus tôt possible » d'un gouvernement.